Skip to content

Lausanne 4: La joie surnaturelle de l’Église persécutée

"La Constitution indienne garantit la liberté de religion, et cela inclut la liberté de changer de religion. L’Inde est en train de devenir une dictature théocratique qui veut mettre fin à la laïcité qui prévalait jusqu’à présent. C’est massif, systématique et dangereux." déplore le journaliste et historien Babu Verghese.
© David Métreau / Alliance Presse - «La Constitution indienne garantit la liberté de religion, et cela inclut la liberté de changer de religion. L’Inde est en train de devenir une dictature théocratique qui veut mettre fin à la laïcité qui prévalait jusqu’à présent. C’est massif, systématique et dangereux», déplore le journaliste et historien Babu Verghese
Le 25 septembre, lors de la 4e journée du Congrès de Lausanne sur l'évangélisation mondiale, qui se tient à Incheon, près de Séoul, les 5222 participants inscrits ont abordé la douloureuse thématique de l’Eglise persécutée.
David Métreau

Le 25 septembre, lors de la 4e journée du Congrès de Lausanne sur l’évangélisation mondiale, qui se tient à Incheon, près de Séoul, les 5222 participants inscrits ont abordé la douloureuse thématique de l’Eglise persécutée.

Ambassadeur mondial de l’organisation missionnaire OMF International, Patrick Dung a mis en relation la mission d’annoncer l’Evangile avec la persécution, lors d’un temps d’enseignement biblique. Les disciples, appelés pour la première fois «chrétiens» à Antioche (Act. 11,26), «n’étaient pas simplement des disciples, mais des disciples radicaux», précise celui qui est aussi président du programme du 4e Congrès de Lausanne. C’est dans le contexte d’une grande persécution à Jérusalem, après une forte croissance du nombre de croyants, que l’Evangile a été répandu dans le monde «par des disciples anonymes», dont le nom n’est pas mentionné dans les Ecritures – les apôtres étant restés à Jérusalem. «Ils ont vécu pour être oubliés afin que Christ soit souvenu», a déclaré Patrick Dung. Il est revenu sur les caractéristiques de ces gens non nommés: des Juifs qui n’avaient pas peur de proclamer l’Evangile et souhaitaient aller au-delà des barrières culturelles entre les Gentils et les Juifs, en se soumettant uniquement à la souveraineté de Jésus.

Publicité

>>Lausanne 4: Des frères et sœurs du monde entier réunis… un parfum de paradis<<

>>4e Congrès du Mouvement de Lausanne : La « recette » du réveil spirituel<<

>>Mission: Le 4e Congrès de Lausanne s’ouvre en Corée du Sud avec un accent sur la collaboration<<

Quand un gouvernement athée favorise la diffusion de l’Evangile

Cette diffusion de l’Evangile se fait surtout vers les marges et non les centres, a souligné Patrick Dung, s’appuyant sur le livre des Actes. Docteur en histoire de l’Eglise chinoise, il a commenté avec une pointe d’ironie: «En Chine, un gouvernement athée encourage (indirectement) ce mouvement de diffusion de l’Evangile.» Rires dans toute l’assemblée.

Pas question pour Patrick Dung de faire de la persécution un sujet de tristesse uniquement: «La persécution ne tue pas l’Eglise, et nous ne pouvons pas toujours fuir l’opposition violente.» Il a alors cité John Stott, initiateur du Mouvement de Lausanne: «En effet, tout au long de l’histoire de l’Eglise, le pendule a oscillé entre expansion et opposition, croissance et rétrécissement, avancée et recul, tout en gardant l’assurance que même les puissances de la mort et de l’enfer ne prévaudront jamais contre l’Eglise du Christ, puisqu’elle est solidement bâtie sur le roc – le roc du Christ.»

Pour Patrick Dung, le souvenir des chrétiens coptes – vingt Egyptiens et un Ghanéen – tués sur une plage de Libye par des miliciens de l’Etat islamique le 15 février 2015, ces martyrs qui ont proclamé leur foi jusqu’au bout, a touché des personnes à travers le monde, y compris des non-croyants. «Oui, Dieu se souvient et permet encore aujourd’hui la persécution pour la croissance de son Eglise.»

La longue liste des actes anti-chrétiens en Inde

Journaliste, historien et auteur indien, Babu Verghese a présenté de nombreux faits récents de persécution dans son pays: assassinats, maisons brûlées en Uttar Pradesh ou dans l’Uttarakhand, lynchages dans le Chhattisgarh ou violences dans l’état du Manipur, ayant fait 220 morts et 59 000 déplacés. Il a aussi évoqué les différentes lois anti-conversions – «anticonstitutionnelles, immorales et illégales», selon les experts légaux – mises en place dans neuf états de l’Union indienne. «La Constitution garantit la liberté de religion, et cela inclut la liberté de changer de religion. L’Inde est en train de devenir une dictature théocratique qui veut mettre fin à la laïcité qui prévalait jusqu’à présent. C’est massif, systématique et dangereux.» Le journaliste a rappelé que, contrairement aux dires des nationalistes hindous, l’Evangile n’est pas arrivé en Inde avec les colons, mais dès le premier siècle par l’apôtre Thomas (selon la tradition, ndlr). Et Babu Verghese de rappeler: «Ce sont des chrétiens, inspirés de la Bible, qui ont créé l’Inde moderne.»

Un pasteur d’un grand pays d’Asie continentale s’est réjoui du fait que, cette année, plus de cent délégués de son pays ont pu venir au Congrès. «Dieu peut utiliser la persécution pour faire grandir son Eglise», a-t-il déclaré. Il a narré la prophétie d’un des plus grands prédicateurs de son pays, aujourd’hui en train de s’accomplir: «Un grand réveil va arriver, mais les missionnaires occidentaux vont d’abord partir.» L’Eglise, enfant et dépendante, est en train de devenir plus mature, adulte, assure le pasteur. Il a appelé à «connecter ensemble les différentes chambres de la maison de Dieu, comme lors de la réunion de famille qu’est Lausanne 4». Le pasteur conclut: «Les souffrances de ce temps présent ne sont rien par rapport à la gloire du temps à venir.»

Joyeux dans la souffrance, la moisson en Iran avance

Les chrétiens iraniens Farshid Fathi et Sara Akhavan, tous deux emprisonnés par le passé à cause de leur foi et de leurs activités d’évangélisation dans leur pays, ont parlé avec une joie très communicative de leur expérience de persécution. Farshid Fathi a raconté comment il a passé un an sans voir le soleil, à l’isolement dans une cellule de 2 m x 2 m, sans perdre la foi ni la confiance en Dieu. Il a été libéré après 1800 jours en prison. «La République islamique a tué plusieurs de nos pasteurs et leaders. La souffrance et la pression ont augmenté, mais ce n’est pas la fin de l’histoire. Il y avait 500 chrétiens d’arrière-plan musulman en Iran au moment de la Révolution islamique; aujourd’hui il y en a 1 million.» Et, tout sourire, Farshid Fathi a partagé que lorsqu’une semaine passe sans conversion dans l’Eglise, tout le monde s’en étonne, tellement ils sont habitués à un nombre élevé de conversions.

D’autres articles seront publiés par Evangéliques.info sur le 4e Congrès de Lausanne, en direct d’Incheon, Corée du Sud.

Thèmes liés:

Publicité