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Votations suisses: Dieu dans la Constitution valaisanne, Genève souhaite un hymne au «Maître des batailles»

Un livre est ouvert sur la première page de la Constitution du Valais, avec en première mention: "Au nom de Dieu tout-puissant"
© Le Nouvelliste
A l'issue des votations populaires du 3 mars, les cantons de Genève et du Valais modifieront peut-être leur Constitution. Ces changements en disent long sur leur rapport au religieux.
Matthieu Schmidt

Dans le texte de la nouvelle Constitution valaisanne soumise au vote du peuple le 3 mars, un chapitre entier est dévolu aux relations entre Eglises et Etat. Des relations saines, puisque le nouveau texte reconnaît «la contribution des Eglises et des communautés religieuses au lien social et au bien commun». L’Eglise catholique romaine et l’Eglise réformée sont des «personnes juridiques de droit public» et l’article 172 indique que l’Etat «assure les moyens nécessaires à l’accomplissement de leurs tâches au service de la population». Selon cette version révisée, les autres communautés religieuses, y compris évangéliques, «sont soumises au droit privé [mais qu’]à leur demande, l’Etat peut leur conférer le statut d’intérêt public».

Cath.ch et Réformés.ch rapportent que les trois communautés actuellement reconnues par le Valais n’ont pas souhaité indiquer de recommandation de vote. Dans un communiqué, elles ont seulement encouragé «les citoyens et citoyennes à s’informer avec soin et à se rendre aux urnes», globalement satisfaites de la nouvelle Constitution proposée. En effet, malgré des points de divergence en ce qui concerne certains droits fondamentaux, les Eglises du Valais «se félicitent du projet sur les rapports entre l’Etat et les Eglises» ainsi que du préambule du texte, qui maintient la référence à Dieu en commençant par le traditionnel «Au nom de Dieu tout-puissant», tout comme la Constitution suisse.

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Un hymne genevois sur un Dieu triomphant

Cette entente cordiale ne va pas de soi dans d’autres cantons. A Genève, la Constitution indique que «L’Etat est laïque, qu’il observe une neutralité religieuse et qu’il ne salarie ni ne subventionne aucune activité cultuelle». La loi sur la laïcité, par exemple, y interdit les baptêmes dans le lac depuis 2022. Paradoxalement, les citoyens de ce canton sont appelés à faire du «Cé qu’è lainô» («Celui qui est en haut») leur hymne officiel. Les paroles de ce chant, qui commémore la victoire genevoise contre les Savoyards en 1602, comportent de très nombreuses références à Dieu.

Intéressant pour un canton qui a délibérément décidé de retirer «Au nom de Dieu tout-puissant» du préambule de sa Constitution et qui resserre petit à petit l’étau de la liberté religieuse selon certains. En effet, le premier couplet du chant signifie: «Celui qui est en haut, le Maître des batailles, […] a bien fait voir […] qu’il était patron des Genevois.» La dernière strophe ponctue l’hymne d’un retentissant «Amen».

Selon Le Temps, cette votation donne suite à un débat animé au Grand Conseil, après que Sylvain Thévoz, député du parti socialiste, a proposé de moderniser le texte de ce chant entonné lors de la fête annuelle de l’Escalade. Son sens perçu reste cependant à nuancer, puisque le message est caché derrière un patois franco-provençal que plus personne ne parle. L’élan est ainsi beaucoup plus culturel que cultuel et ne répond pas à un soudain élan de foi.

Rédigé par Matthieu Schmidt, relu par Charlotte Moulin

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