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Le CNEF est «satisfait mais pas dupe» quant à l’issue de la Convention citoyenne sur la fin de vie

Thierry Le Gall et Erwan Cloarec échangent autour d'une table avec la ministre Agnès Firmin-Le Bodo au sujet de l'euthanasie et des questions de fin de vie
© Twitter - Thierry Le Gall et Erwan Cloarec ont été reçus par Agnès Firmin-Le Bodo le 4 janvier
Le Conseil national des évangéliques de France (CNEF), opposé à la légalisation de l’aide active à mourir, a exposé ses arguments auprès de la ministre déléguée Agnès Firmin-Le Bodo le 4 janvier. Entretien avec Romain Choisnet, porte-parole du CNEF.

Erwan Cloarec, président du Conseil national des évangéliques de France (CNEF), et Thierry Le Gall, directeur du Service pastoral auprès des parlementaires, ont été cordialement reçus par Agnès Firmin-Le Bodo le 4 janvier pour un échange sur la fin de vie. Le porte-parole du CNEF Romain Choisnet constate cependant que la convention citoyenne sur le sujet, qui se déroule en ce moment, n’est pas impartiale.

Comment s’est passé l’échange?

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« Madame la ministre Agnès Firmin-Le Bodo s’est montrée très respectueuse, à l’écoute de nos arguments et de nos convictions. Elle a compris notre point de vue et cherché à rassurer, en nous rappelant que le débat concerne seulement le sujet des personnes dont le pronostic vital serait engagé.

Erwan Cloarec et Thierry Le Gall sont donc sortis satisfaits de cette rencontre, mais pas dupes: la volonté politique de la majorité semble clairement aller dans le sens d’une légalisation du suicide assisté. Le fait qu’Olivier Falorni, qui a déjà, par le passé, déposé des projets de loi dans ce sens soit nommé président de la mission parlementaire sur la loi Claeys-Leonetti n’est pas anodin. Mais nous avons été encouragés par la ministre à revenir à sa rencontre, probablement dans le cadre d’une discussion autour du projet de loi, en avril 2023. Nous souhaitons nous tenir dans cette disposition de dialogue. »

Est-ce difficile de parler de Dieu et de la Bible à une femme politique?

« Cet exercice n’est pas toujours facile avec les personnalités politiques, mais les représentants du CNEF essaient de le faire à chaque occasion. Nous ne venons pas seulement en tant que corps institutionnel, ne portant que des arguments philosophiques ou humanistes. Nous venons en tant que croyants, avec notre foi, nos convictions, et c’est ce qui inspire nos échanges et nos arguments. Le CNEF, dans cet exercice de porte-parole des évangéliques, vient aussi porter des arguments bibliques, théologiques, en les expliquant, et en expliquant en quoi ils rejoignent la volonté politique du bien commun et du respect de la vie.

Le communiqué que nous présentons publiquement n’est que l’extrait très synthétique des points saillants d’un argumentaire d’une dizaine de pages, travaillé et réfléchi en interne, qui a été expliqué à Madame la ministre. Il se base en effet d’abord sur le fait que Dieu nous a créés et qu’il aime chacun, puis rejoint des convictions plus universelles comme les Droits de l’homme et du citoyen.

Il fait également beaucoup référence à des travaux qui ont déjà été faits, à des pratiques de l’euthanasie comme en Belgique, aux avis du Comité consultatif national d’éthique (CCNE), aux travaux du Comité protestant évangélique pour la Dignité humaine (CPDH), et à ceux de la Commission d’éthique protestante évangélique (CEPE). Nous ne cachons pas nos arguments de foi, même s’ils semblent moins recevables que des arguments séculiers, mais nous essayons de les expliquer. »

Lorsqu’on emploie le mot «liberté» pour mettre fin à ses jours, que répond le CNEF?

« Nous sommes dans une société qui prône le choix individuel. Mais la société française est un collectif, une communauté. Et prendre soin les uns des autres, ça ne se fait pas en donnant à chacun la liberté de se faire n’importe quoi. C’est aussi ça le message de l’Evangile: s’aimer, prendre soin les uns des autres. Dans nos communautés chrétiennes, nous visons la communion, l’entraide et la solidarité. Ce sont des valeurs que j’aimerais retrouver à l’échelle de la société française. Suivre l’adage «Ma liberté s’arrête là où commence celle des autres» ne permet pas de faire toutes les lois dans un pays qui prône la fraternité!

Il faut aussi arriver à détacher la fin de vie de la souffrance, car répondre à la peur de souffrir reste l’argument sous-jacent principal en faveur de la légalisation de «l’aide active à mourir», suivi par une logique économique. Si le gouvernement faisait appliquer pleinement la loi Leonetti, il y aurait beaucoup moins de défenseurs de l’euthanasie. Mais quand on ne propose pas, pas partout en France, de soulager les personnes en fin de vie, naturellement certains veulent écourter cette fin. Vingt-trois départements ne disposent d’aucune unités palliatives. Je regrette que ce levier pèse autant dans le débat que nous menons en France actuellement. »

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