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Allemagne: Défendre les Ukrainiens n’est pas défendre des enjeux militaires, selon le Conseil évangélique

Portrait photo d'Annette Kurschus, environ 60 ans. Elle sourit à l'objectif.
© Eglise évangélique d'Allemagne (Evangelische kirche in Deutschland / EKD) - Annette Kurschus
«Une exagération historico-théologique de la guerre.» La présidente du Conseil de l'Eglise évangélique d’Allemagne, dans un discours le 22 juin, a dissocié la défense des victimes du conflit en Ukraine des problématiques militaires et politiques.
Evangéliques.info

Annette Kurschus, présidente du Conseil de l’Eglise évangélique d’Allemagne (CEA), se poste en observatrice de la défense et de l’aide d’urgence apportées aux Ukrainiens durant la guerre. Selon elle, les actions des chrétiens doivent être «strictement liées à la tâche d’assurer le droit et la paix, et non à d’autres fins étrangères». Dans son discours lors d’une réception du CEA le 22 juin à Berlin, Annette Kurschus a ainsi développé l’idée de «l’indisponibilité» légitime du chrétien pour répondre à la question de la défense militaire, des livraisons d’armes ou encore du pacifisme. «Autrement dit, donner explicitement la parole à l’ignorance, donner son droit au scepticisme, laisser la place au doute». Une tâche «fastidieuse» qui conduit selon elle «à une tension parfois insoluble, dans laquelle il n’y a souvent ni « bien » ni « malséant »» (ou «incorrect»).

«Personne ne devient saint parce qu’il défend sa vie»

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«La vie, la justice, la liberté, la paix sont des biens élevés. Les protéger est le travail de l’Etat.» Mais selon Annette Kurschus, également pasteure et théologienne, «il faut regarder les choses avec sobriété: cette protection et toute aide à la défense (de la part d’un Etat) sont à leur tour associées à la violence et risquent de provoquer de nouvelles souffrances». La présidente du Conseil de l’Eglise évangélique dénonce également une idéalisation de la défense de l’Ukraine, qu’elle désigne aussi comme une défense des valeurs occidentales, et «une exagération historico-théologique de la guerre». «Personne ne devient saint parce qu’il défend sa propre vie, sa propre liberté et celle de ses proches», poursuit-elle. «Et personne ne devient un diable non plus s’il […] attaque la liberté, les droits et la vie d’autrui. Même alors, il reste humain.»

Annette Kurschus se dit donc «outrée» d’entendre le patriarche Cyrille présenter la guerre comme un combat voulu par Dieu. «Je considère comme un blasphème de mettre ainsi Dieu à la tête de sa propre [cause].» Elle ne condamne cependant pas l’orthodoxie russe: «Nous ne devons pas et nous ne briserons pas les ponts œcuméniques vers elle», déclare-t-elle. A noter, le Conseil œcuménique des Eglises (COE) a décidé de ne pas suspendre l’Eglise orthodoxe russe, comme l’avait suggéré par exemple l’Eglise évangélique réformée de Suisse (EERS).

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