Skip to content

France: Les représentants religieux majoritairement opposés au Rassemblement National

Carte d'électeur
© Istock
Petit tour d’horizon des positions de représentants religieux français quant au vote final de ce 24 avril. Les échos sont majoritairement défavorables au parti du Rassemblement National.
Evangéliques.info

Si le Conseil national des évangéliques de France (CNEF) et d’autres de leurs représentants, tout comme l’Eglise catholique, ne donnent pas de consignes de vote, d’autres faîtières et personnalités protestantes et musulmane ont pris des positions politiques nettes, et ce notamment après les résultats du premier tour.

Le directeur de la revue protestante Réforme a par exemple pris la plume le 20 avril. Jean-Marie de Bourqueney affirme ainsi que le parti du Rassemblement National (RN) «[promet] des cadeaux totalement infinançables», et prône«la détestation de l’étranger». «La “priorité nationale” (de Marine Le Pen), qui comporte par exemple la limitation des prestations sociales aux seuls Français, est un projet de société fondé sur le rejet», exprime-t-il. Plus loin, il déclare que le RN contredit les valeurs de justice, d’acceptation de l’autre, «le regard positif sur le monde» et «la volonté de construire une société apaisée».

Publicité

«Un danger imminent»

La Fédération protestante de France a quant à elle indiqué le 17 avril dans un communiqué que «ses engagements pourront être entravés en cas de victoire du RN», et que l’ensemble des protestants devaient «souffler les mots de la fraternité contre le discours des extrêmes». Les représentants de l’Eglise protestante unie de France (EPUF), eux, craignent fortement un recul des libertés fondamentales, d’opinion et de presse entre autres, si Marine Le Pen venait à l’emporter. Le communiqué de l’EPUF, en date du 20 avril, est d’ailleurs sous la forme d’une mise en garde.

C’est également d’envisager la perte des libertés qui alarme l’organisation Musulmans de France. «Les résultats du premier tour de l’élection présidentielle nous obligent à sortir de notre réserve», signifiait l’organisme dans un communiqué le 14 avril. «L’idéologie et le programme du Rassemblement National sont aux antipodes des valeurs de la République, de l’Etat de droit, de la démocratie, du vivre-ensemble et de l’égalité entre les hommes et les femmes.» Les représentants poursuivent: «Il y a un danger imminent à voir ce parti politique à la tête de l’exécutif de notre pays.» Musulmans de France exhorte donc les citoyens, et notamment ceux de confession musulmane, à «faire barrage à l’extrême droite au deuxième tour en votant pour Emmanuel Macron».

Pour les institutions juives, la menace d’interdiction, par un potentiel gouvernement de Marine Le Pen, de certaines pratiques tels que l’abattage traditionnel les fait à leur tour ouvertement pencher vers le vote pour le président sortant. Les orthodoxes, pour leur part, restent discrets sur la question dans les médias.

«Nous n’élirons pas un sauveur de la France»

Globalement, les évangéliques ne sortent pas du cadre légal (assez peu évoqué dans le monde religieux présentement), et ne communiquent donc pas, en tant qu’organisation confessionnelle, de consignes de vote. Ils renvoient plutôt chaque chrétien à une conscience et une conviction personnelle éclairée d’un point de vue spirituel. En revanche, le vote est ici un devoir majeur du croyant.

Au mois de février, le CNEF avait en outre publié le livret «Convictions des évangéliques», où il mettait en avant huit valeurs à prendre en compte pour voter. «À l’examen des programmes, et conscient qu’aucun candidat ne saura satisfaire à l’ensemble de ces critères, il appartiendra alors à chaque électeur de tendre le fil de la réflexion jusqu’à l’isoloir», lit-on dans la présentation. Romain Choisnet, directeur de la communication, complétait sur Twitter le 15 avril: «Si les Eglises protestantes évangéliques s’abstiennent, conformément à la loi, de donner des consignes de vote ou de tenir des meetings politiques, nous encourageons nos membres à s’intéresser à la « chose politique » et à voter.» Le pasteur et auteur Raphaël Charrier, cité dans un précédent article, va dans le même sens et encourage notamment les chrétiens à avoir confiance en la souveraineté suprême de Dieu sur la nomination des figures d’autorité.

L’Eglise catholique ne prend pas non plus position pour un parti ou pour l’autre, mais «[rappelle] aux catholiques l’importance de voter et de le faire en conscience, à la lumière de l’Evangile et de la doctrine sociale de l’Eglise.» Dans cette publication sur son site après le premier tour, le Conseil permanent des évêques de France concluait: «Dimanche, nous n’élirons pas un sauveur de la France, ni un messie, ni quelqu’un qui devrait incarner tout le bien à faire», et «devant lui (Dieu) toute puissance politique se trouve relativisée». Rendez-vous aux urnes.

Thèmes liés:

Publicité