Le Tribunal fédéral a tranché: à Genève, il est interdit de baptiser dans le Lac Léman
Du «chantage»: c’est ainsi que Jean-René Moret, pasteur de l’Eglise évangélique de Cologny, juge la situation. Hier, le Tribunal fédéral suisse a rejeté le recours de la communauté évangélique genevoise membre de la FREE et du REG. Le recours concernait le refus de célébrer des baptêmes sur une plage publique du Lac Léman, demande formulée au canton en 2022. La raison invoquée par Genève: l’Eglise évangélique de Cologny n’a pas signé de déclaration d’engagement et n’entretient donc pas de relations avec l’Etat, rapporte la RTS. Ce type de déclaration engage les communautés religieuses à «reconnaître que l’ordre juridique suisse l’emporte sur toute obligation religieuse qui lui serait contraire, en particulier en matière de droit de la famille». Un tel baptême serait donc possible pour l’Eglise protestante de Genève, par exemple (à noter que l’Etat voudrait l’interdire aussi aux organisations reconnues, mais que sur ce point, le Tribunal fédéral lui donne tort).
Jean-René Moret, contacté, témoigne de sa surprise et de sa déception: «Il y a un droit à la liberté religieuse et d’utiliser le domaine public de manière raisonnable. Là, on perd ce droit si on ne veut pas entretenir de relations avec l’Etat.» Selon le pasteur, Genève attente donc à sa propre laïcité, inscrite dans sa Constitution: «L’Etat choisit quelles organisations religieuses peuvent exercer leurs droits fondamentaux. Cela crée une quasi-obligation d’entretenir des liens.» En outre, faire partie du Réseau évangélique ou d’une fédération d’Eglises ne permet pas de contourner le critère d’enregistrement des paroisses.
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Pratique illégale du baptême
La déclaration d’engagement est problématique, puisqu’elle commande de reconnaitre la primauté du droit suisse sur toute organisation. Dans les faits, cela ne change pas grand chose puisque le droit suisse prime de toute façon. Mais selon le théologien, cela revient à dire que «l’ordre juridique suisse est au-dessus de Dieu». Il explique: «Tout le monde peut avoir des convictions avec lesquelles il ne transige pas. Et cela va de l’accueil illégal des Juifs lors de la Seconde Guerre mondiale aux délits de solidarité les plus actuels.»
En ce qui concerne l’avenir, la question de saisir la Cour européenne des droits de l’Homme à Strasbourg est ouverte. Dans tous les cas, il faut maintenant savoir «si les différentes Eglises évangéliques genevoises signeront cette déclaration ou décideront de s’en passer».
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