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La France inscrit l’IVG dans sa Constitution par une large majorité

Les parlementaires français sont réunis en hémicycle
© Al Jazeera English / Facebook
La France est le premier pays à inscrire explicitement la «liberté garantie» à l'avortement dans sa Constitution. «En 1975, l’exception devait être le principe. La situation de détresse, le critère», déplore le Conseil national des évangéliques de France.
Matthieu Schmidt

A l’issue de nombreux remous mais sans surprise, l’Interruption volontaire de grossesse (IVG) entre dans la Constitution. En effet, après le Sénat, le Parlement, réuni en Congrès à Versailles, a approuvé lundi 4 mars le texte de l’Assemblée nationale par une très large majorité (780 voix pour, 52 contre), bien au-delà des trois cinquièmes des votes des 925 parlementaires requis pour entériner le nouveau texte. Le mot «historique» est relayé par de nombreux médias: la France est officiellement le premier pays du monde à garantir le droit à l’avortement dans sa Constitution. Une décision qui ne manque pas de faire réagir dans les milieux chrétiens.

Le CNEF «inquiet»

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En effet, trois jours avant le vote du Congrès, le Conseil national des évangéliques de France (CNEF) a publié un communiqué résumant leur prise de position sur la question. Le positionnement est clair et fort: «Le 5 janvier 1975, la loi Veil consacrait l’Interruption volontaire de grossesse comme l’ultime recours pour des situations sans issue. L’exception devait être le principe. La situation de détresse, le critère.» Selon le CNEF, cette inscription dans la Constitution modifie (voire annule) l’esprit de la loi Veil: «La liberté garantie devient le principe. La situation de détresse a été évacuée de la loi.»

De vives inquiétudes sont ensuite relayées dans le communiqué, dont la fragilisation du «droit des personnels soignants à l’objection de conscience» ainsi que de «la liberté d’expression et d’opinion» sur ce sujet. Le communiqué se conclut sur un appel au gouvernement à «offrir aux femmes qui le souhaiteraient la liberté et les moyens de garder ou de confier leur enfant» ainsi qu’à un engagement des Eglises évangéliques de France reconnues par le CNEF, qui selon ce dernier resteront «des lieux d’accueil qui manifestent l’amour, la grâce et la vie» pour les personnes qui feraient le choix d’interrompre leur grossesse.

ERRATUM 6 mars 07h30: La France n’est pas à proprement parler une «pionnière» en la matière. La première inscription date de la Constitution yougoslave, en 1974. Cependant, comme le note l’Express, la formulation est vague puisqu’elle garantit «un droit humain de décider librement de la naissance de ses enfants». Ces dernières années, l’accès à l’IVG a été durci dans certains pays de l’ex-Yougoslavie comme la Slovaquie, par exemple.

Rédigé par Matthieu Schmidt, relu par Geoffrey Leplang

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