Le Kenya a, pour la première fois, élu le 9 août un président de confession évangélique. Un mois plus tard, le 13 septembre, William Ruto a prêté serment Bible à la main. Son principal rival à l’élection, Raila Odinga, figure historique de la politique du Kenya, a longtemps contesté le résultat du vote. La Cour suprême l’a néanmoins confirmé le 5 septembre. Issu d’une famille assez modeste, William Ruto est devenu un homme d’affaires réputé. Il possède aujourd’hui l’une des plus grandes fortunes du pays. Son mandat est de cinq ans, renouvelable une fois.

La foi au cœur de l’élection

L’analyste politique Macharia Munene estime, sur la BBC, que la foi a eu une importance cruciale lors de cette élection. «Son adversaire Raila Odinga avait tort lorsqu’il parlait du christianisme comme d’un lavage de cerveau et lorsque sa femme Ida parlait de la réglementation des Eglises. Toutes ces déclarations ont joué en faveur de Ruto en termes de vote», assure le professeur d’histoire et de relations internationales à l’Université internationale des États-Unis à Nairobi. Au Kenya, près de 85% de la population se déclare chrétienne.

Successeur d’Uhuru Kenyatta, dont il était le colistier entre 2013 et 2022, William Ruto a nommé son gouvernement le 27 septembre. Il n’a conservé qu’un seul ministre de l’ancien gouvernement. Le nouveau président aura pour mission immédiate de répondre aux défis économiques. Malgré une économie dynamique en Afrique de l’Est, le Kenya est confronté à une inflation de 8,5%. Il possède aussi une dette multipliée par six en dix ans. Durant sa campagne, «le député Jésus» s’est, par ailleurs, efforcé de se rapprocher des musulmans modérés. Il a notamment pris comme engagement de ne pas permettre l’avancement de loi sur le mariage homosexuel ou l’avortement.