La mesure révolte les partisans pro-vie et les chrétiens du pays. L’organisation chrétienne Jeunesse en Mission Colombie déclare ainsi sur Instagram que «l’avortement continue d’être un crime». L’interruption volontaire de grossesse est en effet autorisée depuis le 21 février jusqu’à six mois de gestation (24e semaine), quel que soit le motif. «La Cour constitutionnelle, comme d’habitude, a dépassé ses limites dans ses fonctions», dénonce le groupe. «Elle a tourné le dos aux plus démunis, mais nous, nous ne les quitterons jamais.» La décision a été votée à cinq voix contre quatre par la Cour.

Auparavant, dépasser ce délai était une exception en Colombie. Avorter jusqu’à six mois n’était possible qu’en cas de viol, si la santé de la mère était en danger ou lorsque le fœtus présentait une malformation compromettant sa survie. Ce sont ces mêmes raisons qui ont poussé la Cour constitutionnelle à prendre cette décision. Avant le 21 février, l’intervention tardive était passible de seize à cinquante-quatre mois d’emprisonnement. En comparaison, en France, les femmes pourront avorter jusqu’à quatorze semaines de grossesse après l’entrée en vigueur de la nouvelle loi.

L’avortement, enjeu politique

Alors que les élections présidentielles se profilent en Colombie pour le 29 avril, John Milton Rodríguez a pris position. Candidat à la présidence, il qualifie la décision de «honteuse». «Nous allons recourir à tous les moyens légaux nécessaires pour continuer à défendre la vie», assure le sénateur. La Colombie, pays à majorité catholique, est le cinquième pays d’Amérique latine à assouplir les conditions de l’avortement. L’Argentine, l’Uruguay, Cuba et la Guyane l’ont ainsi précédée.

La maire de Bogota, Claudia Lopez, a quant à elle salué une décision «historique». Elle la qualifie comme «la plus importante pour la vie, l’autonomie et le plein et égal épanouissement des femmes».