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Comme un chrétien sous régime taliban

Des agriculteurs sur une charrette tirée par un âne, assis sur un tas de foin. Une fumée noire sort des usines de briques en arrière-plan, paysage afghan près de Kaboul
© FotoGablitz / iStock - Des agriculteurs sur une charrette tirée par un âne, assis sur un tas de foin. Une fumée noire sort des usines de briques en arrière-plan, paysage afghan près de Kaboul
L'édito de la semaine. Les chrétiens qui vivent en Afghanistan sont pour la plupart d’anciens musulmans. Considérés comme des apostats, ils méritent la mort selon les lois islamiques. Pour eux l’histoire s’assombrit.
David Métreau David Métreau

Le long fil de l’Histoire suit son cours et certains événements se répètent. Après les Britanniques et les Soviétiques, c’est au tour des Américains, de se retirer d’Afghanistan la tête basse et en y laissant des plumes. Le pays montagneux cultive son statut de «tombeau des empires». Sur place, la situation est catastrophique avec le retour des talibans, en particulier pour les femmes, les opposants et les membres des minorités religieuses, chrétiens en tête.

Les chrétiens qui vivent en Afghanistan sont pour la plupart d’anciens musulmans. Considérés comme des apostats, ils méritent la mort selon les lois islamiques. Pour eux l’histoire n’est pas une répétition, mais une continuité qui s’assombrit. En effet, la République islamique d’Afghanistan (qui précédait l’Émirat islamique d’Afghanistan mis en place cette semaine par les talibans) punissait déjà de mort toute forme d’apostasie, en dépit de sa Constitution reconnaissant la liberté de conscience. 

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Avant même les talibans 

Ainsi, Abdul Rahman, un Afghan converti au catholicisme, rejeté par son épouse, ses filles et ses parents, avait été dénoncé par un membre de sa famille en 2006. Arrêté par la police pour possession d’une Bible, il a été inculpé pour apostasie, les procureurs demandant la peine de mort et le qualifiant de «microbe», de «traitre» et déclarant qu’il devait être pendu. Magnanimes (ironie), «parce que la religion de l’Islam est une religion de tolérance», les juges avaient invité Abdul Rahman a reconsidérer sa conversion; s’il revenait à l’islam, ils lui pardonnaient. Le principal intéressé avait refusé la proposition: «Ils veulent me condamner à mort et je l’accepte. Je suis chrétien, ce qui veut dire que je crois en la Trinité. Je crois en Jésus-Christ.»  Les autorités avaient finalement libéré Abdul Rahman, le déclarant fou et inapte à être jugé. Il avait trouvé asile en Italie.

Et ça, c’était avant! Pas sûr (euphémisme) que les talibans prendront autant de précautions dans ce genre de cas de figure, y compris dans des cas de folie (diplomatique ou avérée). Cela donne un très faible aperçu du niveau de danger encouru par les chrétiens afghans. Cette affaire comme la situation des chrétiens en Afghanistan rappellent aussi le verset suivant en Matthieu 19:29 : «Et quiconque aura quitté, à cause de mon nom, ses frères, ou ses soeurs, ou son père, ou sa mère, ou sa femme, ou ses enfants, ou ses terres, ou ses maisons, recevra le centuple, et héritera la vie éternelle.» Dans ce contexte extrême, le verset prend tout son sens et agit comme un baume sur le cœur des persécutés. Plus que jamais, ils ont besoin de nos prières pour tenir et grandir dans leur foi. 

PS : cet édito a d’abord été publié dans la newsletter d’Evangeliques.info le 20 août 2021.

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