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Laïcité : Jean Baubérot tance Marlène Schiappa

Jean Baubérot en 2016 dans l'émission Hier, aujourd'hui, demain sur France 2
© Jean Baubérot - Photo: capture d'écran Youtube / Hier, aujourd'hui, demain
L’historien et sociologue Jean Baubérot a lu le livre de Marlène Schiappa et relève un certain nombre d'inexactitudes et de confusions inquiétantes sur la laïcité.
Evangéliques.info

Après sa rencontre, lundi 19 avril, avec la Ministre déléguée chargée de la Citoyenneté, Jean Baubérot, éminent spécialiste de la laïcité, a rédigé une tribune, publiée le 22 avril dans le Nouvel Observateur, dans lequel il constate un certain nombre d’erreurs dans son ouvrage Laïcité, point !, coécrit avec Jérémie Peltier.

La ministre entourée de «ripoux intellectuels»

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S’il salue l’action de la ministre pour lutter contre les violences sexistes et sexuelles, il estime qu’elle s’est égarée en s’éloignant de son domaine de compétences et s’inquiète de l’ignorance de ses collaborateurs, qu’il qualifie de «ripoux intellectuels» qui «se montrent, de fait, les meilleurs représentants» de l’obscurantisme qu’ils sont censés combattre.

Jean Baubérot montre que la laïcité décrite dans le livre est en fait celle des adversaires de la Loi 1905, qui voulaient limiter la liberté de conscience à la croyance individuelle. Pour les auteurs du texte, l’Etat doit, au contraire, «garantir le libre exercice des cultes» (article 1), collectivement. En outre, si l’Etat ne saurait ériger de symboles religieux dans l’espace public, rien n’empêche un citoyen croyant d’afficher publiquement sa foi, dans les seules limites du respect de l’ordre public.

Les ministres du culte peuvent être élus

Pour Marlène Schiappa, la Loi 1905 «rend inéligibles les “ministres des cultes”». Faux, rétorque Jean Baubérot: avec cette fameuse loi, les ministres des cultes ont cessé d’être des représentants d’une institution, pour devenir des citoyens comme les autres, avec le droit de voter et d’exercer des fonctions électives.

Enfin, face à la négation du risque d’un totalitarisme laïque, Jean Baubérot souligne que cette préoccupation était déjà présente chez les auteurs de la loi, en citant Georges Clémenceau : «Je repousse l’omnipotence de l’Etat laïque parce que j’y vois une tyrannie. […] Nous sommes des hommes d’esprit latin, la poursuite de l’unité par le dieu, par le roi, par l’Etat nous hante : nous n’acceptons pas la diversité dans la liberté.»

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