Syrie: Les protestants français appellent à la prudence quant aux demandes d’asile
«Personne ne peut dire aujourd’hui que les circonstances qui ont entraîné la fuite des réfugiés syriens n’existent plus. […] les risques qui préexistaient à la chute du régime (de Bachar-al-Assad) sont toujours fondés.» Le 17 décembre, le pasteur Christian Krieger, président de la Fédération protestante de France (FPF) et Isabelle Richard, présidente de la Fédération de l’entraide protestante (FEP), ont adressé une tribune aux responsables politiques français.
Ils appellent le gouvernement à agir «avec discernement» envers les familles syriennes en attente de départ pour la France depuis Beyrouth et celles récemment arrivées qui ont déposé une demande d’asile. Il est par exemple courant pour l’OFPRA, Office français de protection des réfugiés et apatrides, de suspendre les décisions relatives aux demandes d’asile, lorsque les personnes concernées sont issues de pays en crise sur le plan politique. «Nous appelons les responsables politiques à la prudence, la retenue et au discernement afin de ne pas instrumentaliser une situation extrêmement complexe et mouvante.»
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Des gouvernements qui réagissent trop vite
Certains gouvernements européens, dont la France, ont en effet annoncé leur volonté de suspendre dès à présent les demandes d’asile des ressortissants syriens. Des décisions trop précoces pour Christian Krieger comme pour Isabelle Richard, qui déclarent qu’il est trop tôt «pour considérer que le gouvernement de transition, malgré ses déclarations rassurantes, pourra garantir la sécurité pour tous les Syriens, en particulier ceux issus de minorités».
La FPF, la FEP et le gouvernement français ont par ailleurs un protocole d’accord en matière de couloirs humanitaires depuis 2017, «qui permet à des personnes syriennes réfugiées au Liban d’être accueillies en France via des voies légales et sûres». Les responsables des deux organismes protestants plaident donc, auprès du ministère de l’Intérieur et du consulat de France à Beyrouth, pour que les personnes qui ont fait les démarches nécessaires -«elles se réjouissent du départ de Bachar al-Assad mais demeurent terrifiées à l’idée d’un retour»- puissent continuer à obtenir des visas depuis le Liban.