France: Le projet de loi pour «l’accompagnement des malades et de la fin de vie» jugé «inopportun» par le président de la Fédération protestante de France
Après les professionnels de la santé le mardi 23 avril, ce sont les ministres du culte qui ont été auditionnés ce mercredi 24, à l’Assemblée nationale, dans le cadre d’une table ronde consacrée au projet de loi sur «l’accompagnement des malades et de la fin de vie». Des représentants de différents courants religieux (juif, chrétien, musulman, bouddhiste) et dénominations chrétiennes (catholique, orthodoxe, protestante) ont pu s’exprimer sur le sujet et les propositions avancées par les porteurs du projet de loi.
Des termes trompeurs
Publicité
Les auditionnés ont exprimé une opposition unanime à cette loi, en lui reprochant notamment son appellation trompeuse. En effet, derrière des termes comme «accompagnement des malades» et «aide à mourir», elle traite essentiellement de la légalisation de l’euthanasie et du suicide assisté en milieu médical. Christian Krieger, président de la Fédération protestante de France (FPF), s’est dit inquiet des «effets collatéraux» de cette loi, notamment du message envers «ceux qui se sentent un poids pour leurs proches», qui pourraient conduire à ce que le «droit à partir ne se change en devoir de partir».
Il a également évoqué un risque de «rupture anthropologique» avec un texte qui, s’il est adopté, outrepasserait l’interdit de tuer, fondateur de l’éthique judéo-chrétienne: «Jusque-là, nous avions des soins d’accompagnement et de confort. Pour la première fois, dans le cadre de soins, on ouvre la possibilité du don de la mort.» Selon lui, ce passage ne serait pas «opportun tant que le cadre actuel n’est pas complètement exploité».
Plaidoyer en faveur d’une culture «palliative»
Il plaide en ce sens pour une meilleure connaissance des dispositions de la loi Claeys-Leonetti qui, selon lui, n’aurait pas encore donné sa pleine mesure. Le représentant des protestants de France propose ainsi une «loi décennale programmatique pour le développement d’une culture palliative en France» visant à pleinement exploiter les opportunités d’accompagnement offertes par ladite loi.
Cette loi sur la fin de vie, adoptée en 2016, avait réaffirmé l’interdit du suicide assisté, tout en légalisant la sédation profonde. Elle avait également encouragé la démocratisation des soins palliatifs dans les établissements de santé. Démocratisation qui, comme l’ont noté l’ensemble des représentant des cultes, est encore loin d’être effective.
>> Pays-Bas: Un ancien Premier ministre chrétien a eu recours à «l’euthanasie en duo» avec sa femme