La nouvelle du décès de Frère André, survenu le 27 septembre à l’âge de 94 ans, a bouleversé ceux qui participaient à ce moment-là à la deuxième assemblée générale du monde arabe de l’Alliance évangélique mondiale (AEM), en Jordanie. «Il avait un cœur tendre […] pour ceux qui sont généralement considérés comme étant de l’autre côté, l’ennemi», a déclaré Jack Sara, coordinateur général de l’Alliance évangélique pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord. «Il était prêt à aller dans des endroits difficiles et à parler avec des gens difficiles, mais sans jamais compromettre le message de l’Evangile», ajoute-t-il dans Christianity Today. Durant les dernières décennies de sa vie, le fondateur de l’ONG Portes Ouvertes, infatigable évangéliste et notable passeur de bibles, s’est en effet concentré sur le monde musulman.

Le cheik Ahmad Yassin, fondateur du Hamas, reçoit Frère André en 1997 (image: Portes Ouvertes)

Un évangéliste sans ennemi

David Rihani, président du Conseil évangélique de Jordanie, a rappelé pour sa part l’engagement de Frère André dans les relations avec les chefs catholiques et orthodoxes du Moyen-Orient, ce qui a permis à Portes Ouvertes de lancer son relais d’informations quant à la persécution contre toutes les confessions chrétiennes de la région. Il a fréquemment critiqué le soutien des évangéliques américains aux guerres en Afghanistan et en Irak, et a publiquement condamné les exécutions de représentants islamistes, tels que Ahmad Yassin, créateur du parti du Hamas, ou Oussama ben Laden. Il prônait à l’inverse le développement des missions pour toucher les dirigeants et les populations.

Dans son livre Les forces de la lumière, publié en 2004, Frère André -de son vrai nom néerlandais Anne van der Bijl- écrivait: «Tant que nous voyons une personne -musulmane, communiste, terroriste- comme un ennemi, alors l’amour de Dieu ne peut pas couler à travers nous pour l’atteindre.» Seul cet amour pouvait selon lui résoudre l’impasse du conflit au Moyen-Orient.