Le 9 septembre, lors de sa première allocution après le décès de sa mère, Charles III (73 ans) a souligné «la responsabilité particulière du souverain envers l’Eglise d’Angleterre -l’Eglise dans laquelle ma propre foi est si profondément enracinée». Pourtant, «c’est compliqué de savoir s’il a la foi», expliquait Gavin Ashenden, ancien aumônier d’Elizabeth II, auprès de la Croix le même jour. Il faut départager la foi publique du chef de l’Eglise anglicane, qui relève du devoir, de sa foi personnelle. «Pour sa mère, il était clair que les deux étaient liées […] Avec Charles on ne sait pas: il y aura peut-être une différence entre la foi de son cœur et sa foi publique», admet l’aumônier. Jusqu’ici, le nouveau roi a fait preuve d’un intérêt pluri-religieux.

«Le divin dans l’existence exprimé de manières différentes»

Dans un documentaire en 1994, l’ancien prince de Galles envisageait son futur titre religieux comme «défenseur des croyances» et non comme «défenseur de la foi», appellation symbolique des monarques anglais depuis 1521. Une déclaration qui avait passablement affolé les dirigeants anglicans. Il faisait aussi valoir «le divin dans l’existence», «présent en chacun de nous» mais «exprimé de tant de manières différentes». Il a finalement réaffirmé en 2015 son futur titre de «défenseur de la foi».

Le nouveau roi d’Angleterre a grandi dans l’Ecosse presbytérienne, et son père le prince Philip était de confession grecque-orthodoxe jusqu’à son mariage avec Elizabeth II. Il a dit plusieurs fois avoir étudié le Coran, et s’intéresse également aux religions orientales et à l’orthodoxie. C’est ainsi qu’il a salué «tout ce que l’on peut apprendre de l’esprit du Ramadan» en avril, et qu’il s’est rendu plusieurs fois au mont Athos (Grèce). La liturgie anglicane veut que le souverain britannique soit couronné à l’abbaye de Westminster.

L’anglicanisme est né de la séparation de l’Eglise d’Angleterre d’avec l’Eglise catholique romaine au 16e siècle. Il est souvent présenté comme inspiré à la fois du catholicisme et du protestantisme. Cette dénomination repose sur la présence du Christ dans la communion des croyants, dont la «communion anglicane» qui relie plusieurs Eglises autocéphales dans le monde. Beaucoup de ses autres doctrines s’alignent globalement sur les principes de la Réforme protestante (centralité de la Bible et conversionnisme par exemple).