Prier à l’école? Pour le ministre français de l’Éducation, c’est non
Pour le ministre de l’Education Edouard Geffray, on paie un professeur pour enseigner, mais aucunement pour dispenser un «enseignement religieux», qu’un établissement scolaire soit privé ou publique. «Ça me semble l’évidence. Donc une minute payée par l’Etat, c’est une minute d’enseignement, ça ne sert pas à autre chose. Et donc je ne vois pas comment, sur un temps d’enseignement, on pourrait faire une prière», a-t-il déclaré le 4 novembre à l’Assemblée nationale. Cette intervention a pris place environ deux mois après l’invitation instante du nouveau secrétaire général de l’Enseignement catholique, Guillaume Prévost. Tout juste entré en poste, ce dernier a affirmé que les professeurs du privé devraient avoir le droit de prier en classe avec les élèves, au nom de «leur liberté pédagogique et leur liberté de conscience».
Un spasme au Syndicat national de l’Enseignement chrétien
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L’idée a fait immédiatement réagir les syndicats de l’enseignement privé sous contrat mais d’abord, selon les mots du Télégramme le 4 novembre, «surpris tout le monde. (…) L’expression d’une identité religieuse reste possible et est même protégée – c’est le “caractère propre” des établissements privés -, mais cela doit rester facultatif», résume le quotidien.
Dans une interview publiée par Charlie Hebdo le 6 octobre, Véronique Cotrelle, présidente du Snec-CFTC, Syndicat national de l’Enseignement chrétien, explique: «Nous exerçons une mission de service public, même si nous enseignons dans le privé», avant d’insister sur la liberté de conscience à accorder aux élèves, au nom de la neutralité que doivent ainsi garder les professeurs. «Il ne faut pas oublier le statut du secrétaire général de l’enseignement catholique», poursuit-elle: «Guillaume Prévost n’a pas été nommé par l’Etat mais par la Conférence des évêques de France.» «Ça le mettrait dans l’illégalité vis-à-vis du ministère [de l’Education, ndlr], qui est notre employeur», complète le vice-président du syndicat Jean-Marc Bottollier. «L’Etat finance ces établissements», à hauteur de 75%.
40 écoles évangéliques dans l’Hexagone
En France, environ 17% des 13 millions d’élèves sont scolarisés dans l’enseignement privé. D’après www.budget.gouv.fr, quelque 96% des établissements qu’ils fréquentent sont catholiques. Le livret Ecoles et religions en dialogue de 2023 relaie quant à lui les chiffres de l’Association des établissements scolaires protestants évangéliques francophones (AESPEF), membre du CNEF (Conseil national des évangéliques de France): une quarantaine d’établissements scolaires évangéliques existent dans le pays, mais cependant toute ont le statut hors contrat. Les écoles protestantes – au sens large – privées sous contrat sont pour leur part sous-représentées: on y dénombre 3000 élèves, répartis dans cinq établissements sur tout le territoire, selon un rapport d’information de l’Assemblée nationale publié en 2024.
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