La plateforme d’actualité chrétienne Regards Protestants a publié une analyse des résultats d’une enquête sur le profil des fidèles de l’Eglise MLK, elle-même commanditaire de l’étude. Le sociologue spécialiste de l’évangélisme Sébastien Fath commente ce premier volet paru le 21 juillet, consacré à la méga-Eglise de Créteil (Val-de-Marne), et y met en lumière des éléments inattendus, qui contrastent avec le paysage protestant français tel que décrit dans une étude antérieure. Pour l’occasion, 4524 fidèles ont été interrogés.

Une relation au-delà des confessions

D’une part, «les frontières confessionnelles s’estompent au profit d’une spiritualité centrée sur Jésus», estime-t-il. En effet, si la majorité des fidèles de MLK s’identifient comme «évangéliques» ou «pentecôtistes» -respectivement 68,9% et 17,2% d’entre eux-, d’autres se définissent comme catholiques (6,6%), charismatiques (6,3%), mais également réformés, luthériens, orthodoxes ou «sans étiquette». On relève aussi des «réponses atypiques», telles que «hindouiste» ou encore «M’en fous je suis chrétien»: «une fluidité identitaire, où la relation personnelle avec Dieu prime souvent sur les dénominations traditionnelles», analyse le sociologue.

Sur le plan politique, si plus de la moitié des répondants déclarent n’avoir aucune sympathie partisane, Sébastien Fath observe «un soutien notable, qui peut presque paraître surprenant», à la gauche. Ainsi, 16,69% des sondés se sont dits proches de La France Insoumise, tandis que 10,25% se sont déclarés proches du Parti Socialiste. «Un profil qui déjoue certains clichés qui surlignent le conservatisme politique marqué des évangéliques», rappelle-t-il, ajoutant que «l’évangélisme français est politiquement pluriel, à rebours de certains clichés faciles sur une présumée “internationale réactionnaire” (sic).»

Un profil atypique parmi les protestants français

C’est en s’appuyant sur l’étude Les protestants en France métropolitaine: pratiques, croyances et orientations, réalisée par l’IFOP pour la Fédération protestante de France en 2024, que Sébastien Fath construit son analyse de l’Eglise MLK. Certaines différences entre ceux qui la fréquentent et le profil général des protestants représentés dans l’étude apparaissent de façon très marquée. Par exemple, 59,6% des fidèles de MLK ont affirmé lire la Bible au moins une fois par semaine, contre seulement 20% des protestants toutes tendances confondues et 39% des évangéliques interrogés par l’IFOP.

Autre illustration: la perception des personnes issues des diasporas. Plus de 80% des 3906 répondants de MLK ayant répondu à cette question ont exprimé une opinion «positive» ou «très positive» sur l’apport de l’immigration et sur «l’impératif d’accueil», pratiquement le double du taux relevé dans l’étude de l’IFOP, où 44% des sondés y voyaient un bénéfice. Ici, «l’Eglise MLK tranche fortement, par rapport à une forme de moyenne protestante française, par un refus très ferme de la xénophobie, et un rejet de la fermeture identitaire», commente Sébastien Fath. La suite de l’analyse sera publiée dans un prochain article sur Regards Protestants.