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«Une tromperie linguistique»: le débat sur «l’aide» à mourir en France fait toujours rage

La main d'un patient est couverte par la main d'un soignant, dans un milieu hospitalier
© Getty Images - sittithat tangwitthayaphum
Alors que l’Assemblée nationale examine le projet de loi sur la fin de vie, croyants et soignants continuent de dénoncer une dérive morale et un bouleversement de l’éthique médicale.
Charlotte Moulin

Ils ont été et continuent d’être nombreux à élever la voix, chrétiens, soignants, politiciens, contre une loi qui établirait la possibilité du suicide assisté ou de l’euthanasie. Depuis le 12 mai et jusqu’au 27, l’Assemblée nationale examine la proposition de loi relative à la fin de vie. D’une part, «la terminologie choisie -“aide à mourir”- masque la nature véritable de l’acte: l’administration volontaire d’un produit létal», relève la Conférence des responsables de culte en France (CRCF), dans un communiqué du 14 mai. L’association dénonce un vocabulaire «euphémisant, que la Haute Autorité de Santé elle-même qualifie de source de confusion éthique», dénaturant les mots «pour désamorcer la gravité morale de l’acte».

Pour le prêtre et théologien Laurent Stalla-Bourdillon, qui s’est exprimé dans La Croix le 15 mai, «contrairement à ce qu’affirme la proposition de loi, l’euthanasie n’est pas une mort naturelle». En effet, la proposition actuelle de loi sur la fin de vie induit que la cause du décès d’une personne ayant eu recours au suicide assisté sera déclarée comme telle.
«Cette formulation n’est pas anodine. Elle est, au sens propre du mot, une tromperie linguistique»

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Un patient seul et un seul médecin

L’objectif de la CRCF est, dans le communiqué, d’alerter «solennellement» sur «les graves dérives qu’implique la proposition de loi», et met en garde contre un «bouleversement profond» des fondements de l’éthique sociale, et médicale. Récemment, un énième groupe de soignants, fermement opposés aux législations en cours de discussion, s’est formé. Dans la Sarthe, plus de 200 soignants ont créé le Collectif pour les soins palliatifs et contre le projet de loi d’aide à mourir. D’autant que le texte actuel permet à un seul médecin d’autoriser un acte létal, sans procédure collégiale, ni évaluation psychiatrique, avance la CRCF. «La Haute Autorité de Santé (…) insiste pourtant sur la nécessité absolue d’un discernement partagé, pluridisciplinaire, long et encadré.» Le délai d’instruction prévu suite à la demande d’un patient est de quinze jours, avec ensuite, si la demande est acceptée, un délai de réflexion de maximum deux jours avant que la personne ne fasse son choix final.

De plus, l’association estime que le projet de loi «érige l’autodétermination individuelle en absolu», puisque contrairement à la prise en charge holistique offerte par les soins palliatifs, tout accompagnement spirituel ou psychologique serait écarté. Le Conseil national des évangéliques de France (CNEF) campe également sur ses positions, qu’il a exprimées une fois de plus en 2024: «Ouvrir cette brèche constituerait une atteinte à l’humanité», lisait-on dans une publication de l’organisme. «En tant que chrétiens, nous croyons que Dieu assigne à chaque homme et à chaque femme, indépendamment de ses facultés, de son âge ou de sa santé, une valeur inaltérable, du fait même de son appartenance à l’humanité créée.»

Les signataires du communiqué de la Conférence des responsables de culte en France sont Christian Krieger, président de la Fédération protestante de France, Eric de Moulins-Beaufort, président de la Conférence des évêques de France, Dimitrios Ploumís, président de l’Assemblée des évêques orthodoxes de France, Haïm Korsia, Grand rabbin de France, Mohammed Moussaoui, président de l’Union des mosquées de France, Antony Boussemart, président de l’Union bouddhiste de France et Chems-Eddine Hafiz, recteur de la Grande mosquée de Paris.

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