«Il est des figures qui incarnent le meilleur de l’humanité. Adélaïde Hautval est de celles-là.» C’est par ces mots que Christian Krieger, président de la FPF (Fédération protestante de France) et Haïm Korsia, Grand rabbin de France, militent pour l’entrée au Panthéon de la psychiatre, en marge des commémorations des 80 ans de la capitulation du 3e Reich ce 8 mai 2025. «Honorée par Yad Vashem en 1965 comme “Juste parmi les Nations”, Adélaïde Hautval mérite aujourd’hui une reconnaissance nationale à la hauteur de son engagement», défendent ainsi les deux responsables religieux dans un communiqué. Elle était alors seulement la deuxième française à recevoir cette distinction de l’Etat d’Israël.

Né en 1906 en Alsace, cette médecin protestante est assurément une figure de la lutte contre le nazisme. Alors qu’elle était emprisonnée pour avoir défendu les valeurs de la République, elle a en effet pris la défense d’une jeune femme juive, roumaine, tabassée dans sa cellule par des soldats SS, rapporte le comité qui soutient son entrée dans le haut-lieu de la mémoire de la France. Pour la soutenir, elle s’est confectionnée une étoile de David en papier et a osé répondre aux militaires: «Les juifs sont des gens comme nous.» Condamnée par la Gestapo à Orléans pour être une «Amie des Juifs», elle a connu la déportation dans les camps d’Auschwitz-Birkenau puis de Ravensbrück.

La Légion d’honneur et la médaille de la reconnaissance

Malgré sa condition, Adélaïde Hautval œuvre dans les camps, et s’opposent notamment aux expérimentations médicales des nazis, au péril de sa vie. «Son courage nous interpelle sur l’importance de demeurer fidèles à nos principes et de rester humain, même dans les circonstances les plus adverses. Son engagement est un repère moral pour les générations actuelles et futures», soulignent Christian Krieger et Haïm Korsia. Rescapée après deux ans et demi dans les camps de concentration, où elle a soigné des centaines de femmes, elle a reçu en 1946 la Légion d’honneur et la médaille de la Reconnaissance.

Toutefois, ces distinctions ne sont pas suffisantes pour les deux responsables religieux. «La société se doit de rendre hommage aux héros solitaires, à tous ceux qui, par leur sacrifice silencieux, ont redonné à la nation en période de crise, le meilleur d’elle-même. […] En faisant entrer Adélaïde Hautval au Panthéon, la France rendra hommage à toutes les résistantes de l’ombre, aux héroïnes inconnues ou mal connues qui, par leur action, lui ont permis de garder ses valeurs», estiment les protestants et les juifs. Sur 71 personnalités entrées au Panthéon, seules six sont des femmes, et il n’y a aucune femme médecin. Atteinte de troubles neurologiques, celle qui a soigné tant et tant de personnes a choisi de mettre un terme à sa vie en 1988, à l’âge de 82 ans. Pour soutenir son entrée au Panthéon, il est possible de signer une pétition en ligne.