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Francs-maçons, protestants, catholiques: des «vigies» selon Emmanuel Macron

© Gzen92 – Wikimedia
En appelant les francs-maçons à être la «vigie» de la laïcité, Emmanuel Macron relance un débat ancien sur le rôle de l’Etat face aux religions. Une formule déjà adressée aux protestants, et commentée jusque dans les cercles catholiques.
Charlotte Moulin

A la suite du discours d’Emmanuel Macron à la Grande Loge de France le 5 mai, où il a demandé aux francs-maçons d’être la «vigie» de la laïcité, une réaction indignée est parue dès le lendemain dans Le Point. Le chroniqueur Arthur Chevalier y écrit: «En demandant, lundi, à la franc-maçonnerie de défendre la laïcité face aux assauts dont elle est la victime, Emmanuel Macron a, sans l’expliciter, renoué avec une tradition multiséculaire: la suprématie de l’Etat en toute matière.» Des «vigies» d’ordre religieux chrétien ou, en l’occurrence, spirituel, le chef de l’Etat en a nommées plusieurs, chacune avec un ou plusieurs rôles.

Ainsi, en septembre 2017, lors d’un colloque à l’occasion des 500 ans de la Réforme, il a appelé les protestants à «rester la vigie de la République», déclarant par ailleurs que «le sang du protestantisme coule dans les veines de la France». Le mot réapparaîtra, non dans la bouche du président cette fois-ci, mais dans la sphère catholique en 2021. Selon Annie Dravers, vice-présidente du Mouvement des retraités chrétiens qui s’est exprimée dans La Croix cette année-là, «seul le dialogue interreligieux est à même d’être la vigie qui pourra guider la démocratie, et en aucun cas, ni les préférences, ni les réflexions philosophiques  d’un seul homme».

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Des protestants qui veillent sur les lois

Le discours d’Emmanuel Macron s’inscrivait dans la perspective du 120e anniversaire de la loi 1905, le 9 décembre. A ce propos, François Clavairoly, alors président de la Fédération protestante de France (FPF), avait déclaré dans une interview donnée à La Croix en 2021 que «le protestantisme a toujours fermement soutenu la loi 1905 sur la séparation des Eglises et de l’Etat».

Toutefois, le pasteur estimait que le texte de la loi «Séparatisme» (Loi confortant le respect des principes de la République), promulguée quelques mois après la parution de l’entretien, marquait «la première fois qu’un projet de modification de la loi 1905 ne se [réalisait] pas dans l’esprit libéral qui a prévalu à son origine». «Face à cela, nous souhaitons donc assumer notre rôle de “vigie” de la République, comme nous le reconnaissait le président.» La FPF a en effet poursuivi, à l’instar du Conseil national des évangéliques de France, un plaidoyer d’interpellation tout au long du parcours qui a abouti à la nouvelle législation. L’organisme a soulevé entre autres des «zones grises» au sujet de l’exercice du culte, concept qui englobe aussi l’assistance spirituelle et matérielle aux personnes ainsi que l’évangélisation. Plus tard, François Clavairoly a demandé l’abrogation de cette loi.

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