L’ex-pasteur Guillaume Bourin reconnu coupable d’atteinte sexuelle sur mineure
En juin 2023, l’ancien pasteur Guillaume Bourin avait déjà été déclaré inapte au ministère pastoral par l’Action Biblique France, la dernière union d’Eglises avec laquelle il avait collaboré, et le réseau FEF avait dès mars 2023 déclaré ne pas soutenir son ministère. Mardi au Tribunal correctionnel de Créteil, il a été reconnu coupable d’atteinte sexuelle sur mineure de plus de quinze ans par personne ayant autorité.
Il a été condamné à huit mois de prison avec sursis simple pendant cinq ans et d’une interdiction d’avoir une activité en lien avec les mineurs pendant cinq ans. Il a toutefois été dispensé d’inscription au Fichier judiciaire automatisé des auteurs d’infractions sexuelles ou violentes (FIJAIS), sur décision contraire du tribunal.
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Le recours de la victime en tant que partie civile, a été accepté: Guillaume Bourin devra lui verser 2500 euros au titre des souffrances endurées, 1200 euros pour couvrir ses dépenses de santé, ainsi que 1000 euros pour ses frais de procédure pénale; il dispose de dix jours pour faire appel.
Il lui était reproché des gestes à connotation sexuelle sur une adolescente de dix-sept ans, alors qu’il en avait trente-quatre, pendant plusieurs mois en 2013. Elle était alors membre du groupe de jeunes commun d’une Eglise arabophone et du Centre évangélique protestant (CEP) de Montreuil (93) dont il était l’un des responsables.
L’avocate de la partie civile a souligné la vulnérabilité d’une adolescente issue d’un milieu ultra-conservateur en train de changer d’Eglise et en décalage par rapport à ses parents, pour plaider qu’elle ne pouvait consentir à ce qu’elle n’avait pas la maturité pour comprendre.
Pour le procureur, le débat portait d’abord sur la réalité des faits. Le prévenu s’était en début d’audience excusé d’avoir tout nié en garde à vue et a «partiellement reconnu les faits». Le procureur a noté que la victime, elle, avait été constante dans ses déclarations, ce que l’avocat de la défense a d’abord contesté, avant de reconnaître que les différentes dépositions de la victime n’avaient pas varié. En fin d’audience, les deux parties étaient d’accord sur les faits.
Ensuite, sur le consentement de la jeune fille. Si celle-ci a déclaré avoir été tétanisée et n’avoir initié aucun geste, Guillaume Bourin a dit n’avoir détecté aucune sidération. Le procureur a noté des éléments de violence avec surprise lorsqu’il se serait jeté sur elle étant caché derrière une porte à l’église. La victime a fermement dit qu’elle n’était pas consentante, mais sidérée par les gestes de son responsable.
Enfin, sur la réalité de l’autorité de droit ou de fait qu’exerçait à l’époque Guillaume Bourin. Celui-ci, pour sa défense, reconnaissait que la jeune fille, qui venait à lui avec ses questions sur la foi, éprouvait une admiration pour lui. Cependant il contestait avoir été pasteur à l’époque, et avançait que le fait de s’être confié sans fards à la victime, notamment sur ses déboires conjugaux, lui enlevait toute aura de pasteur.
Des témoins ayant appartenu aux Eglises impliquées ont dit qu’il exerçait à l’époque une forme d’autorité en tant que responsable du groupe de jeunes qui décidait notamment du planning et des orateurs invités. Le président du tribunal avait en début d’audience souligné que le prévenu faisait le double de l’âge de la mineure, et s’est étonné qu’il se mettait au niveau de la jeune fille, voire «s’abaissait» dans ses communications, comme s’il avait lui-même dix-sept ans, alors que son rôle aurait été plutôt de «la hisser à son niveau».
L’avocat de la défense a tenu à souligner la différence entre une infraction pénale, qui ne concernait selon elle que l’affaire impliquant la mineure, et la violation de la loi morale d’un groupe, que le prévenu a lui-même reconnue en audience. C’était uniquement de cela qu’il s’agissait, selon elle, dans les témoignages de faits similaires impliquant des femmes majeures.
Guillaume Bourin a conclu en disant: «Si on parle de repentance, aujourd’hui dans ces lieux, j’ai l’impression qu’on m’a un peu volé ma repentance.»