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France: Des chrétiens progressistes remettent en cause les valeurs de ministres conservateurs

Michel Barnier
© Gouvernement français - Michel Barnier a pris ses fonctions de premier ministre le 21 septembre 2024
Dans une tribune publiée dans Le Nouvel Obs, cinq personnalités, catholiques et protestantes, ont dénoncé l'écart qu’elles perçoivent entre les valeurs de l’Evangile et les positions de certains ministres chrétiens du nouveau gouvernement.
Charlotte Moulin

«Nous ne pouvons plus supporter que la foi se retrouve une nouvelle fois accolée à des personnalités très éloignées des valeurs émancipatrices et révolutionnaires des Evangiles. Lesquelles nous invitent à nous tourner vers les plus démunis, les marginalisés, les rejetés.» Cinq personnalités*, catholiques et protestantes militantes, ont signé une tribune le 29 septembre dans Le Nouvel Obs. Elles soulignent que plusieurs responsables nommés dans le nouveau gouvernement de Michel Barnier sont chrétiens, mais perçoivent un fossé entre ce que l’on sait de ces politiciens et les valeurs de l’Evangile et du christianisme qui seraient plus progressistes, notamment en ce qui concerne l’accueil et la sécurité des minorités et des femmes.

Bruno Retailleau (ministre de l’Intérieur), Marie-Claire Carrère-Gée (ministre déléguée à la Coordination gouvernementale), Laurence Garnier (secrétaire d’Etat chargée de la Consommation) sont en effet catholiques, tandis que Patrick Hetzel (Ministre de l’Enseignement supérieur) est protestant. Pour le collectif signataire, ces «figures du christianisme» ne reflètent «pas n’importe quel christianisme, puisqu’il s’agit de ses franges les plus conservatrices».

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La crainte d’une image déformée du christianisme dans l’opinion publique

Bruno Retailleau est ici épinglé pour ses prises de position en matière d’immigration et les auteurs remettent en cause la capacité de Laurence Garnier, ex-participante aux manifestations de la Manif pour tous, à adopter «une posture politique véritablement chrétienne face à toutes les formes de discriminations et de violences vis-à-vis des minorités». Le collectif ne pense pas non plus que Patrick Hetzel puisse «représenter un visage émancipateur (…) pour les femmes qui subissent encore aujourd’hui la domination et la violence patriarcales». Ce dernier fait partie de ceux qui se sont opposés à la constitutionnalisation de l’avortement.

Plus largement, les signataires craignent aussi pour l’image des chrétiens en général. La participation de ces quatre politiciens au sein du gouvernement pourrait selon eux «conforter l’idée répandue que TOUS les chrétiens adhèrent à cette vision du monde». «Nous croyons en un Dieu d’amour et d’accueil inconditionnels, et cette foi nous oblige à refuser la banalisation de la haine, du rejet et des discriminations au sein du christianisme», résument-ils.

*La tribune est cosignée par Olivier Perret, cofondateur du collectif catholique P.A.I.X (Pour un Accueil Inconditionnel dans l’Eglise), Jérémie Claeys, protestant fondateur du podcast «Hérétique», Jean-Michel Dunand, catholique engagé en faveur des droits des personnes LGBTQIA +, «rescapé des thérapies de conversion» et membre du collectif catholique P.A.I.X., Manon Segur, autrice de fiction et membre du collectif catholique P.A.I.X., Samuel Grzybowski, chrétien, fondateur de Coexister et directeur général de CitéCoop.

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