«Je ne suis absolument pas d’accord avec ce livre car ce n’est pas mon autobiographie», soutient Asia Bibi concernant la version française de son témoignage paru en France en février dernier. Un propos étonnant que rapporte le journal La Croix à l’occasion de la sortie américaine de son livre Enfin libre !, le 1er septembre.

Asia Bibi réfugiée au Canada dans un lieu tenu secret, s’est en effet livrée à des révélations étonnantes dans un interview accordé à Voice of America, paru le 31 août dernier. La chrétienne pakistanaise prend en effet ses distances avec la journaliste Anne-Isabelle Tollet : «Je n’ai pas participé à sa rédaction. Je ne sais pas quand elle l’a écrit, de qui est-ce l’histoire, et qui l’a guidée pour le livre». Un livre avec qui elle avait pourtant assuré la promotion à Paris en début d’année 2020 (éd. du Rocher).

Et de poursuivre en prenant la défense de la loi anti-blasphème dont elle en avait été la première victime, la qualifiant par ces mots: «une loi bonne dans l’absolu, mais dont les gens abusent». Un positionnement qu’Anne-Isabelle Tollet explique, dans ce même article, par son souhait de rentrer au Pakistan, où se trouve son père. «Elle est actuellement mal conseillée par des personnes qui lui suggèrent de renier ce livre qui illustre ses 10 années passées en prison. Elle espère ainsi pouvoir retourner dans son pays».

Cela a fait avancer les choses au Pakistan

Si la journaliste juge ces perspectives peu probables, elle ne renie rien du travail réalisé avec Asia Bibi dont elle «déplore qu’elle soutienne les lois du blasphème et ceux qui voulaient la pendre». «C’est un peu désolant, mais je ne regrette pas du tout d’avoir consacré ces années à faire en sorte qu’on parle d’elle et qu’on ne l’oublie pas», ajoute-t-elle. «Au contraire, cela a fait avancer les choses au Pakistan. »

 Selon Bruno Nougayrède, président du groupe Elidia auquel appartiennent les éditions du Rocher, Asia Bibi aurait renoncé il y a quelques semaines à postuler pour le Prix Sakarhov pour la liberté de l’esprit, remis en octobre par le Parlement européen. Rappelons que la mère de famille avait été accusée de blasphème le 14 juin 2009 puis condamnée à mort, avant d’être finalement acquittée le 31 octobre 2018, après dix ans de détention.