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Troubles sociaux en Inde: l’État fédéral hausse le ton

© Des chrétiens indiens tribaux manifestent
Après des semaines de violences contre des chrétiens et leurs bâtiments, le gouvernement fédéral de New Delhi vient d'avertir officiellement deux États que l'état d'urgence serait décrété si ces derniers ne rétablissaient pas rapidement l'ordre.
Evangéliques.info

Les deux états concernés sont l’Orissa (centre-est) et le Karnataka (centre-Ouest). Le conflit religieux pourrait se doubler d’un conflit politique, puisque l’Orissa et le Karnataka sont gouvernés par le BJP (nationaliste hindou) et que le gouvernement fédéral est aux mains d’une coalition dominée par le Parti du Congrès, son grand rival. Un porte-parole national du BJP a du reste lancé un défi à gouvernement fédéral, en disant: «Qu’ils passent directement à l’étape suivante et nous mettent sous tutelle!». Selon le BJP, l’avertissement lancé par de New Delhi a des motifs politiques.

Il y a deux semaines, la Cour suprême a déjà ordonné au gouvernement de l’État d’Orissa d’accentuer les mesures de protection des chrétiens et de présenter un rapport sur les violences.
La Cour suprême a aussi décidé d’envoyer quatre bataillons supplémentaires de policiers dans la zone la plus touchée par les violences, le district de Kandhamal (Orissa), où les heurts entre militants hindous et la police sont nombreux.

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Un mois de violences ininterrompues
Les violences ont commencé le 22 août, en représailles à la mort d’un haut responsable hindou, Laxmananand Saraswati et de quatre associés. Saraswati, un activiste anti-chrétien notoire, a été tué par une vingtaine d’assaillants armés se réclamant du maoïsme.
Rapidement, c’est une véritable nouvelle campagne massive qui s’est mise en place pour terroriser les chrétiens, avec démolitions, vandalisme, émeutes, viols en série et meurtres. Dans les villes principales, la police est intervenue pour protéger les chrétiens, mais dans les zones rurales, la situation est hors de contrôle.
D’après une ONG chrétienne sur place, les policiers auraient conseillé aux chrétiens de fuir. «C’est la pire persécution antichrétienne que j’aie vu en Inde», a indiqué leur porte-parole.
Selon le Conseil Chrétien Global d’Inde, 14 districts d’Orissa ont été affectés, avec Kandhamal comme épicentre. Toujours selon cette source, 50’000 villageois ont été touchés, dont un certain nombre se cachent toujours dans la jungle ou dans de nombreux camps d’urgence et 4’000 maisons individuelles et 115 Églises ont été incendiées ou détruites. De retour d’Orissa, John Dayal, son secrétaire général, a indiqué pour sa part que la situation dans le pays devenait «hors de contrôle».
La Commission Nationale pour les Minorités indiennes a indiqué qu’elle était en train de finaliser un texte demandant que la principale milice hindouiste, le Bajrang Dal, soit mise hors la loi; la même demande est venue de différentes formations politiques. De l’autre côté, le BJP a réaffirmé son crédo selon lequel le nœud du problème est les conversions; le parti nationaliste entend, en réaction, d’intensifier sa campagne pour faire interdire toute forme de conversion religieuse au niveau de l’Inde tout entière.

Violence épidémique
Depuis les violences ont débordé de l’Orissa pour gagner cinq États voisins. Dans le Karnataka voisin dirigé par le BJP, des violences institutionnelles ont également lieu, avec des fermetures d’Églises. Des militants hindous radicaux ont effectués des provocations publiques jusque dans la capitale. À la période de Noël, une véritable chasse à l’homme contre les chrétiens avait déjà eu lieu en Orissa.
Principal acteur de ces violences, diverses milices de militants hindous radicalisés, le Bajrang Dal, le Sangh Parivar et le Rashtriya Swayamsevak Sangh (RSS) qui sont autant de bras militants du Vishwa Hindu Parishad (Conseil Hindouiste Mondial). Le BJP ou Baratya Janata Party en est le bras politique. Le BJP, très hostile aux chrétiens comme aux musulmans, est fondé sur une idéologie nationaliste (la hindutva) et il a fait adopter des lois anticonversion dans plusieurs États.

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