L’ossuaire de Talpiot: info ou intox?
La campagne publique pour un troisième lieu possible de sépulture du Christ est lancée. Les conclusions d’une enquête qui aurait commencé en 1980 sont publiées aujourd’hui à 17 heures (11 heures à New York). Par ailleurs, la chaîne câblée Discovery Channel commence dès aujourd’hui un barrage de publicité pour préparer la diffusion, dimanche 4 mars prochain, du documentaire «La tombe perdue du Christ» retraçant ladite enquete.
«La tombe perdue du Christ» est issue de la rencontre entre le cinéaste canadien James Cameron (Alien 2, Terminator 2, Titanic, etc.) et l’archéologue juif de nationalité canadienne Simcha Jacobovici. L’enquête a rassemblé archéologue, paléontologues, ainsi que spécialiste de l’écriture et de l’ADN autour d’un ossuaire, en fait un ensemble de dix boîtes funéraires, exhumé il y a vingt-sept ans dans un quartier de Jérusalem-Est (Talpiot) et dont six portent une inscription araméenne: Yeshoua Ben Yossef (Jésus fils de Joseph), Yéhouda Bar Yehoshoua (Judah fils de Jésus), «Mariamene» (que le documentaire interprète bizarrement comme «Marie-Madeleine»), «Mara», «Matthia» et «Yose» (Joseph).
Nouvel Évangile?
C’est la même Discovery Channel qui a fait réaliser l’an dernier et diffuser le documentaire gnostique «l‘Évangile de Judas». Le nouveau documentaire surfe visiblement sur la même veine ésotérique (Jésus était marié avec Marie-Madeleine de qui il a eu un enfant). Plus important, une tombe certifiée de Jésus de Nazareth battrait en brèche le principal dogme de la foi chrétienne, celui de la résurrection physique de Jésus.
Réagissant à l’annonce encore non détaillée et argumentée de la «trouvaille», une majorité d’ecclésiastiques et de chercheurs (chrétiens ou non) de Terre Sainte et d’Amérique du Nord ont émis de sérieux doutes et appelé à la plus grande prudence. Dénonçant un effet d’annonce, ils ont notamment relevé l’éloignement du site par rapport au centre de la vieille ville et le fait que les noms, même s’ils sont ceux de la «famille sainte», étaient archicourants au premier siècle de notre ère. De plus, la famille de Jésus de Nazareth était, précisément, galiléenne. Pourquoi donc un caveau familial à Jérusalem?
Pour l’éminent archéologue Amos Kloner qui a mis à jour l’ossuaire en 1980, cette découverte ne prouve rien. L’Autorité des antiquités israéliennes, qui détient les boîtes funéraires, a fait savoir en 1996 déjà que la probabilité qu’il s’agisse de la tombe de Jésus de Nazareth était quasi-nulle.
En fait, l’attente des producteurs du documentaire a peut-être été trompée, en ceci que les critiques les plus virulentes, dans un deuxième temps, sont venues non des milieux croyants, mais des spécialistes eux-mêmes, devant la pauvreté des preuves et la dose de spéculation.
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De la concurrence au Saint-Sépulchre
La thèse selon laquelle Jésus ne serait pas mort en Croix est une vieillerie qui a été rejetée par l’Église de tous temps. On trouve des tombes du Christ «certifiées» au Cachemire ou en Égypte.
Deux emplacements «sérieux» se disputent le lieu de la sépulture du Christ à Jérusalem: la basilique du Saint-Sépulchre, en haut de la Via Dolorosa, a les faveurs de la tradition et d’une majeure partie des spécialistes.
À côté, le Jardin de la Tombe est l’emplacement «protestant». Situé hors de la vieille ville, au-delà de la porte de Damas, il a été découvert à la fin du XIXe siècle comme une alternative possible. Le Jardin de la Tombe n’a pas été amenagé, par rapport au Sépuchre. Il est sous la responsabilité de l’Église anglicane.