Réveil évangélique au Salvador

La religion catholique, autrefois majoritaire à hauteur de 75% au Salvador, est aujourd’hui en pleine crise en raison d’un extraordinaire réveil évangélique. Dans ce petit pays d’Amérique centrale situé entre le Guatemala et le Honduras, ils sont nombreux les anciens catholiques qui ont quitté leurs paroisses pour une Église évangélique, témoignant qu’«ils ne ressentaient rien à la messe, alors qu’aujourd’hui ils louent un Dieu vivant» qui transforme leurs vies.
Le Salvador ne change pas le Dieu de sa devise nationale (« Dios, Union, Libertad » – « Dieu, union, liberté »), mais trouve plus qu’un héritage et une pratique religieuse traditionnelle, une foi vivante en un Dieu concret et une dimension nouvelle de la communauté. Les évangéliques représentent déjà 30% de la population au Salvador. Cet essor de l’évangélisme est l’un des plus grands défis pour le Vatican à l’heure actuelle.
L’engagement remarquable des laïcs
La multiplication des Églises évangéliques est due à la présence croissante de jeunes pasteurs, qui contrairement aux prêtres, ne subissent pas les contraintes du célibat et ne sont pas obligés de suivre de longues études. Il y a également un fossé entre la méthode des pasteurs et celle des prêtres. «Dans le village de mes parents, le curé ne venait que certains dimanches. Chez nous, les leaders de quartier ouvrent leur maison quotidiennement pour l’étude de la Bible ou la prière. On a aussi des groupes de rencontre pour guérir les blessures de l’âme. J’ai vu des gens changer à 180 degrés. J’ai vu des guérisons divines», confiait une jeune évangélique au quotidien français le Figaro.
Toutes les couches de la population sont concernées. Certaines réunions rassemblent jusqu’à 200’000 fidèles. 30’000 personnes seraient touchées par le message évangélique chaque semaine. Les chrétiens évangéliques agissent comme de véritables disciples. Le pasteur Lopez Bertran de l’Église du Tabernacle raconte avec étonnement qu’«après le culte, ils vont parler du Christ dans les parcs, dans les hôpitaux, dans la rue…». Un activisme dans l’évangélisation qui effraie le père Esquival, chancelier de l’archidiocèse de San Salvador. C’est en soupirant qu’il rapporte au Figaro les statistiques défaillantes de l’Église catholique. «Dans mon archidiocèse, 26’780 baptêmes ont été célébrés en 2004, contre plus de 100’000 il y a dix ans. Le nombre de communions est tombé à 17’000, celui des mariages s’est écroulé à 2829». La messe est dite, le culte commence.
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Paul Ohlott
Photo: Un «rassemblement de restauration» de l’Église évangélique Élim, à San Salvador, sixième plus grande congrégation chrétienne du monde, en novembre 2002