Sur l’ordre de la Cour suprême d’Islamabad, une commission doit être mise sur pied d’ici la mi-août afin d’enquêter sur l’utilisation abusive des lois sur le blasphème au Pakistan. Ses membres ont pour ordre de soumettre leurs conclusions dans un délai de quatre mois. Cette décision fait suite à une pétition déposée en septembre 2024, signée par une centaine de familles qui ont dénoncé des accusations injustes de blasphème, notamment envers des proches jeunes musulmans.

Aneeqa Anthony, avocate catholique spécialisée dans les droits humains, s’est exprimée auprès de l’agence de presse IDEA, qui a rapporté l’information le 22 juillet: «Bien que des défis subsistent, cette initiative marque un progrès vers un système juridique plus juste (…) Je prie pour que la commission d’enquête révèle la vérité et conduise à un changement significatif.» Elle espère en effet que la commission travaille «véritablement avec impartialité et équité», et que le processus aboutisse à un précédent judiciaire.

Libéré après vingt-trois ans passés en prison

Actuellement, les durées d’emprisonnement pour blasphème contre l’islam et son prophète Mahomet sont d’au moins dix ans, mais de tels actes supposés peuvent également conduire à la peine de mort. Pour sa part, c’est au bout de vingt-trois ans à attendre son exécution qu’Anwar Kenneth, chrétien aujourd’hui âgé de 72 ans, a été acquitté en juin, informe l’ONG Portes Ouvertes. Sa sœur explique: «Mon frère était un érudit concernant la Bible. Il participait souvent à des discussions théologiques avec ses amis musulmans et leurs responsables religieux. Il présentait ses convictions religieuses dans des lettres dans lesquelles il ne manquait jamais de respect à personne… Une de ces lettres a été utilisée pour le réduire au silence.»

Environ 2500 personnes ont été accusées de blasphème au Pakistan depuis 1987, dont 291 chrétiens, d’après les sources d’IDEA, qui précise que les incriminations découlent souvent de conflits interpersonnels. Le pays compte 96% de musulmans, 2% de chrétiens et 1% d’hindous.

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