Un nouveau budget pourrait fragiliser les Églises au Canada

Au Canada, l’élection des députés qui constitueront la nouvelle Chambre des Communes -équivalent de l’Assemblée nationale en France ou du Conseil national en Suisse- doit avoir lieu au plus tard le 20 octobre, possiblement au printemps. Qui dit nouvelle législature dit aussi élaboration d’un nouveau budget, et l’Alliance évangélique du Canada (AEC) s’inquiète de deux recommandations qui mettraient en péril le statut des Eglises et des ministères à valeur sociale.
Parmi 450 recommandations contenues dans un rapport déposé en décembre 2024 par la Commission des finances, l’une d’elles demande au gouvernement de «ne plus accorder le statut d’organisme de bienfaisance aux organisations anti-avortement», indépendamment de leurs apport social, explique David Guretzki, président de l’AEC, dans une lettre ouverte. «Nous nous sommes également demandé quelles organisations seraient considérées comme “anti-avortement”. Cela inclurait-il les Eglises ou autres lieux de culte qui affirment les enseignements bibliques sur le caractère sacré de la vie?», se questionne-t-il, déclarant qu’une telle révocation, «uniquement sur la base de croyances», violerait la liberté de conscience, de religion, de croyance et d’expression.
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Silence sur les croyances
Une autre recommandation liée à la précédente qui préoccupe l’union d’Eglises concerne une modification de la loi sur le revenu, selon laquelle il faudrait exclure «la promotion de la religion» comme moteur des activités de bienfaisance. 23 000 congrégations chrétiennes seraient potentiellement concernées au Canada: «Partout dans le pays, les congrégations offrent un soutien social, économique et spirituel indispensable aux membres de notre société, par exemple par des visites à domicile, des programmes qui fournissent de la nourriture, des vêtements et un abri, le parrainage de réfugiés, etc.», souligne David Guretzki.
Les organismes enregistrés comme œuvrant pour le bien commun bénéficient en effet d’exonérations fiscales «qui permettent d’utiliser davantage d’argent pour faire plus de bien dans nos collectivités. Ils sont également en mesure de délivrer des reçus fiscaux pour dons de bienfaisance afin que les donateurs puissent demander des crédits d’impôt […]. Cela contribue à encourager les Canadiens à donner plus généreusement.»
L’AEC invite donc les Canadiens à contacter leur député local pour lui demander de soutenir le secteur caritatif tel qu’il existe actuellement et, plus particulièrement, de soutenir le maintien de la dimension religieuse dans les activités de bienfaisance. Le secteur caritatif et sans but lucratif du Canada est le deuxième plus important au monde, après celui des Pays-Bas.