Les Églises libres de Suisse alémanique redéfinissent l’éducation chrétienne sans violence
L’union des Eglises libres de Suisse alémanique (Freikirchen.ch) poursuit son introspection et sa lutte contre la maltraitance. Suite à un symposium dédié à l’éducation des enfants dans les familles chrétiennes, la faîtière a publié un document de réflexion le 9 septembre. L’objectif: donner des pistes pour que l’éducation puisse être vécue «de manière positive». Dans les grandes lignes, Freikirchen.ch invite les parents à l’humilité dans ce domaine et à relativiser l’injonction d’une éducation parfaite en tous points.
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«Mes enfants ne sont pas à mon image, mais à celle de Dieu»
«Il n’y a pas de pédagogie dans la Bible. C’est pourquoi il n’y a pas de modèle de réussite simple ni de recette pour une éducation réussie», exprime Stefan Schweyer, professeur de théologie pratique à la Haute école de théologie universitaire de Bâle, avant de déclarer que la Bible a une autorité universelle sur le vécu en général. «L’être humain est à la fois beau et cruel. La foi chrétienne met en garde contre une vision absolue de l’éducation. Mes enfants ne sont pas à mon image, mais à celle de Dieu», ajoute-t-il.
Selon Freikirchen.ch, il faut ainsi s’éloigner de tout «orgueil éducatif», d’autant que l’être humain est faillible: «Il est facile de regarder 100 ans en arrière et de constater ce que nos grands-parents ont fait de mal. Nous devons être beaucoup plus humbles dans ce domaine. Nous ne savons pas ce que l’on dira de nous dans 100 ans, où se trouvent nos angles morts.» «Notre compréhension du pouvoir, de l’autorité et de la soumission, ainsi que notre évaluation du bien et de ce qui est juste sont en premier lieu influencés par la culture dans laquelle nous avons grandi», complète Martina Kessler, théologienne, conseillère psychologique et responsable de la prévention au sein de la SEA.
Quand l’Eglise prône les châtiments corporels
L’influence des Eglises qui a pu mener à l’usage de la violence «éducative» est également complètement remise en cause pour se tourner vers des réactions calmes et préalablement mûries. «Nous devons apprendre à réfléchir et à répondre consciemment, plutôt que de réagir spontanément et instinctivement», a notamment déclaré Stefan Schweyer sur le sujet. Le texte est cosigné par l’Alliance évangélique de Suisse alémanique (SEA) et par son groupe de travail «Forum, mariage et famille».
Peter Schneeberger, président de la faîtière, souligne pour sa part que dans les familles et les Eglises chrétiennes, y compris au sein des Eglises libres de Suisse alémanique, les enfants et les jeunes ont connu et connaissent encore cette violence par endroits. «Parfois, les coups ont même été légitimés comme méthode d’éducation chrétienne», regrette-t-il. Le responsable s’est longuement excusé pour cette influence et s’est dit «profondément désolé».
Ce n’est pas la première fois que l’union d’Eglises réfléchit et cherche à solutionner ce type d’abus. L’année dernière, la congrégation a pris parti favorablement dans la procédure de consultation «Education sans violence» du Conseil fédéral, tout en gardant ses positions sur «certains devoirs de l’enfant, à savoir le respect dans les relations avec les adultes, en particulier avec les parents et les enseignants». Depuis 2021, la SEA dont elle est membre possède une charte signée à ce jour par soixante communautés chrétiennes. Le document a ouvert la voie à des conférences régulières et à des rencontres pour faire des états des lieux entre Eglises, ainsi qu’à la mise en place d’une formation commune.