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Politique: Mikhaïl Gorbatchev, l’artisan de paix en faveur du religieux en URSS

Mikhaïl Gorbatchev discute avec Ronald Reagan à New York en 1988
© Wikimedia Commons - Mikhaïl Gorbatchev et Ronald Reagan à New York le 7 décembre 1988
Le dernier président de l'URSS est décédé le 30 août à l'âge de 91 ans. Pacifiste et ouvert, Mikhaïl Gorbatchev a toujours déclaré être athée. Le réformateur a néanmoins œuvré pour réintégrer la religion dans la société soviétique.
Evangéliques.info

Peut-on dire que Mikhaïl Gorbatchev a remis l’Eglise en valeur? Oui, mais difficilement. Oui, parce qu’il a ouvert la voie à plus de libertés et notamment en matière de religion. Il a en effet lancé une Commission idéologique du Parti communiste le 1er septembre 1988 afin de réfléchir à un nouveau texte au sujet de la liberté religieuse. Mais cela n’a pas été simple. Il a en effet fallu plusieurs années pour que l’idée aboutisse, puisque cette liberté a commencé à s’exprimer juste avant la chute de l’URSS en décembre 1991.

Sous les dirigeants communistes qui se sont succédés après la fin du règne de Nicolas II en 1917, Vladimir Lénine en tête de liste, la religion, essentiellement orthodoxe, a longtemps été limitée, parfois durement. La seule période ayant marqué un regain de liberté religieuse après 1918 a été à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Mais cela n’a pas duré longtemps. «La situation de flou juridique qui s’est installée à la fin de la guerre, et qui était d’ailleurs plutôt favorable aux croyants, a duré jusqu’à ce que Khrouchtchev lance une nouvelle campagne antireligieuse, à la fin des années 1950», écrivait Yves Hamant, professeur émérite de l’université de Nanterre, dans La Revue russe parue en 2012.

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Mikhaïl Gorbatchev cite l’Ecclésiaste

Encore au pouvoir, l’homme politique a reçu le Prix Nobel de la Paix en 1990 pour son effort d’ouverture, de réconciliation et de démilitarisation durant la Guerre Froide. Politiquement enclin au dialogue avec l’Occident (glasnost signifiant «ouverture», ou «transparence») et à la modernisation de l’économie et de la société (perestroïka signifie «restructuration» ), il a rencontré plusieurs fois Ronald Reagan dès son arrivée à la tête de l’URSS, la première fois à Genève en 1985.

«J’ai été impressionné par la chaleur et la cordialité des deux leaders. […] Gorbatchev a même cité la Bible, relevant qu’il y avait un temps pour tout: un temps pour naître et un temps pour mourir, un temps pour jeter des pierres et pour les ramasser», indiquait Pavel Palazhchenko, interprète du dernier dirigeant de l’URSS, dans leTemps cette année-là. «Reagan a abondé dans le même sens, soulignant qu’il était temps pour les deux puissances de travailler ensemble», relate-t-il.

Un athée convaincu

Il a toujours revendiqué son athéisme, mais son comportement laissait apparaître une proximité avec la religion. «J’étais et je reste un athée», a-t-il ainsi déclaré en 2008 à l’agence de presse russe Interfax. «La religion est importante pour la société et c’est de plein gré que j’ai visité des Eglises, des synagogues et des mosquées au cours de mes voyages. Mais on ne peut pas dire de moi que je l’ai fait parce que je suis croyant», commentait-il lors d’une visite sur la tombe de Saint-François d’Assise à qui il vouait une certaine admiration.

Dernier président de l’URSS entre 1985 et 1991, Mikhaïl Gorbatchev s’est éteint le mardi 30 août dans un hôpital de Moscou. Il restera dans l’histoire de l’URSS comme un réformateur et celui qui a ouvert le pays au reste du monde. Le président français Emmanuel Macron a ainsi salué un «homme de paix dont les choix ont ouvert un chemin de liberté aux Russes». Enfin ça, c’est le point de vue de l’Occident. Du côté soviétique, il est parfois davantage celui qui a entraîné la chute de la nation et l’éclatement des républiques. Le 25 décembre 1991, à la veille de la dissolution de l’URSS, il passe la main à Boris Eltsine, alors président de la Fédération de Russie.

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