Suisse: Le Conseil national rejette une motion du Parti évangélique contre la prostitution
Le Conseil national a rejeté le 8 juin, à 172 voix contre 11, une motion soumise par la députée bernoise du Parti évangélique (PEV) Marianne Streiff. Elle y demandait que la Suisse interdise «l’achat de services sexuels». Enonçant les résultats d’études indiquant que 80% des femmes actives dans l’industrie du sexe arrêteraient immédiatement leur activité si elles le pouvaient, la conseillère nationale déclarait le même jour, dans un communiqué: «La prostitution n’est en fait rien d’autre qu’un acte de violence sexuelle rémunéré. Elle est contraire à la dignité humaine et à l’égalité des droits entre hommes et femmes.» «Une société qui prend l’égalité au sérieux ne peut pas accepter qu’une personne achète le corps d’une autre pour de l’argent», ajoute-t-elle. Le texte stipule également «qu’il n’y a pas de prostitution sans contrainte», qu’elle soit exercée par un tiers ou causée par la détresse sociale.
Là où Marianne Streiff relève qu’un très faible nombre de femmes le font volontairement, la majorité des votants met en avant la liberté d’exercer ce métier. Pour les opposant, dont la féministe Kathrin Berstschy (VL/BE), plusieurs membres de l’UDC ou encore des personnalités du Centre comme Ruth Humbel (C/AG), une telle législation, qui punirait le client, reléguerait surtout la prostitution à la clandestinité et au secret, et favoriserait donc un danger dans le traitement des femmes.
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