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Perte et rédemption

© © Alliance Presse
Les USA viennent de frapper fort avec deux films qui viennent se positionner comme « palmables » à cette 67ème édition du Festival de Cannes. D’un côté la rédemption d’un homme nous est racontée et de l’autre c’est, à l’inverse, une sorte de descente infernale.
Evangéliques.info

Ce fut la bonne surprise de dimanche matin que ce nouveau Tommy Lee Jones, The Homesman, produit par Luc Besson. Il y a dans la vie des chemins que l’on choisit, des itinéraires calculés, réfléchis, pour lesquels on s’engage de toutes nos forces par convictions et envies. Et puis il y a aussi parfois des routes qui s’imposent à nous, sans autres détours possibles. C’est précisément ce qui se produit dans la vie de Georges Briggs (Tommy Lee Jones), un rustre vagabond. L’histoire se déroule en 1854 dans un petit village du Nebraska. Trois femmes qui viennent de perdre la raison, pour des raisons diverses sont confiées à Mary Bee Cuddy (Hillary Swank), une pionnière forte et indépendante pour qu’elles soient conduites dans l’Iowa pour y être prises en charge par une communauté Méthodiste. Peu avant de partir, Mary Bee croise Georges qu’elle sauve d’une mort imminente. Il se retrouve contraint à accepter de s’associer avec elle afin de faire face, ensemble, à la rudesse et aux dangers qui sévissent dans les vastes étendues de la Frontière.

Avec bonheur, ce chemin va devenir celui d’une rédemption contre toute attente. Le film s’attache à la transformation d’un homme et à la manière dont il devient quelqu’un de bien. C’est par la rencontre et les échanges (plus ou moins locaces et plus ou moins faciles) avec ces quatre femmes, que ce sale type va progressivement changer. Ce film évoque aussi, et c’est sans doute l’un de ses points forts, des êtres humains sincères et authentiques, dont la simplicité et la beauté deviennent particulièrement touchantes. Dans cette même idée, Hillary Swank (qui pour moi mérite pour le moment largement de recevoir le prix d’interprétation féminine), à propos de son personnage, souligne justement : « Mary Bee est une femme courageuse, qui se ne laisse jamais abattre, qui a des valeurs morales, de la rigueur et une grande confiance en l’autre. Elle n’hésite pas à dire ce qu’elle a sur le coeur et elle n’est pas du genre à faire aux autres ce qu’elle ne voudrait pas qu’on lui fasse. Ce qui me plaît bien chez elle, c’est qu’elle cherche toujours à bien se comporter, qu’elle soit dans le vrai ou pas. » Avec cette histoire, on se confronte aussi à la question de la souffrance, et à l’attitude vis à vis de ceux qui la subissent. Et même si nous sommes là évidemment dans le Middle-west dans une époque bien différente d’aujourd’hui, il n’en demeure pas moins que ce film nous permet d’y réfléchir aujourd’hui encore et de repenser peut-être certaines idées toutes-faites. La souffrance d’hier n’est plus forcément vécue pareil mais elle existe encore et encore et peut nous toucher à tout moment.

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Le lendemain, c’est à dire ce matin lundi, le Théâtre Lumière de Cannes se réveillait avec la projection de Foxcatcher, un film de Bennett Miller avec Steve Carell, Channing Tatum et Mark Buffalo. Comme à son habitude, Miller s’inspire d’une histoire vraie, celle tragique et fascinante du milliardaire américain excentrique John Éleuthère du Pont (Steve Carell) et des deux frères champions du monde de lutte, Mark (Channing Tatum) et Dave Schultz (Mark Ruffalo). Là, pas de rédemption donc, mais au contraire une sorte de réécriture de la damnation de Faust, ou comment un homme peut se retrouver manipulé, enchainé et entrainé vers sa chute alors qu’il cherchait au contraire liberté et succès mais aveuglé par ce qui frappe les regards. Foxcatcher c’est aussi un récit sur ce que le pouvoir et l’orgueil peuvent engendrer chez un homme qui petit à petit se croit au dessus de tout, et où plus de limites ne s’imposent à lui.

Côté acteurs, il est important de souligner la performance de Steve Carell dans un rôle de composition, tellement hors de son registre habituel. Et même si parfois, là encore, il peut nous faire sourire par quelques répliques joliment trouvées, le drame qui se joue au travers de son personnage prend sans doute toute son ampleur par la qualité de sa prestation.

Deux films que j’espère donc retrouver samedi soir dans le palmarès du Festival, et que je ne saurai trop vous recommander d’aller voir. The Homesman est d’ailleurs déjà dans les salles françaises et Foxcatcher est lui annoncé pour le mois de novembre.

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