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L’EERV a voulu ramener la paix dans la maison

© (1er rang) Les 14 candidats au Conseil Synodal
Au premier plan, Antoine Reymond
©Alliance Presse
Suisse: Le pasteur réformé vaudois Antoine Reymond a été remercié à l'issue du Synode du 27 juin. La «question évangélique» n'a par contre pesé d'aucun poids dans le choix des nouveaux conseillers synodaux
Evangéliques.info

Aubonne, le 29 juin. C’est le changement qu’a choisi le Synode de l’Eglise Evangélique Réformée Vaudoise (EERV), réuni le 27 juin au Palais de Rumine de Lausanne pour élire ses autorités pour les cinq années à venir. La majorité du Conseil synodal, son exécutif, n’a pas été reconduite ; seuls rescapés, les «petits derniers», soit les deux laïcs arrivés en cours de législature, Max Blaser et Pascale Gilgien. Une véritable sanction pour la direction sortante, représentée par le très politicien pasteur Antoine Reymond. En matinée, ce dernier a été la cible de dures critiques. En cause: les conflits personnels qui ont émaillé la dernière législature.

Evangéliques insignifiants
Les candidatures les plus «polémiques», celles dont on a le plus parlé, ont été celles d’Antoine Reymond et de Pierre Bader, les deux qui passent à la trappe en finalité. Est-ce à dire que l’EERV n’aime pas les remous? De fait, les deux avaient des portées bien différentes.

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Candidat déclaré évangélique, Pierre Bader est arrivé bon dernier (15 voix au 1er tour, 8 au second). Le délégué synodal veveysan Pierre-André Glauser avait présenté sa candidature, en matinée, en relevant sans ambages ses enjeux: «On a beaucoup insisté sur l’étiquette “évangélique” de Pierre Bader, souvent pour le disqualifier. Lui assume cette étiquette, pourvu qu’on lui reconnaisse aussi celle de “réformé”. Il a passé toute sa vie dans notre Eglise. Choisir Pierre Bader, c’est choisir un Conseil Synodal où est représentée la diversité de notre Eglise.»

Il n’en fut rien, tant l’idée que telle ou telle tendance mérite de facto une représentation dans les institutions est contraires aux habitudes de la maison. On peut rappeler que les élections dans l’EERV ne sont pas directes, mais proportionnelles ; comme aux Chambres fédérales, c’est une assemblée de députés qui élit les dirigeants. Dans les travées, les quelques délégués que nous avons interrogés évoquaient, comme critères de leur choix, le parcours professionnel et ecclésial des candidats, leurs compétences, le fait qu’ils les connaissaient personnellement ou encore leur vision de l’Eglise.

A l’heure de l’analyse, Pierre Bader voulait regarder à l’avenir: «J’ai eu 10% des voix, cela correspond bien à notre place [de réformés évangéliques] dans l’institution. Nous avons et nous prenons peu de place. Nous avons peu d’alliés. Ce score ne traduit pas un rejet, mais plutôt le fait que nous ne sommes pas perçus comme nécessaires. A nous de nous rendre utiles et pertinents dans les années qui viennent !»
Pierre Bader l’a dit et redit : sa candidature servait avant tout à manifester la présence du courant évangélique. Elle était aussi, en partie, une réaction contre les attaques du printemps contre le courant évangélique. Pour lui, il faut maintenant aller plus loin: «Nous devons démontrer sur le terrain la qualité de nos alternatives aux choix qui ont été pris et faire entendre notre projet d’Eglise». Pour le pasteur de Corseaux, l’apport des évangéliques sur les dossiers que l’EERV va traiter ces prochains temps, la théologie des ministères et l’évangélisation, sera utile.

Les acquis au niveau de l’Etat pas primordiaux
L’enjeu de cette élection a été de savoir si la défense du financement de l’Eglise par l’Etat dépendait de la seule compétence de lobbyiste politique d’Antoine Reymond, par ailleurs reconnue de tous. Le représentant de l’Etat au Synode, l’ancien conseiller d’Etat Charles-Louis Rochat, a plaidé en ce sens la continuité. Mais le Synode avait d’autres priorités: une équipe de direction soudée, qui soignerait d’abord des projets internes, en lien avec la mission de base de l’Eglise, ensuite la communication à l’externe. C’est ainsi qu’il faut comprendre la nette victoire de Xavier Paillard et Jean-Michel Sordet, deux pasteurs au profil plus rassembleur, pastoral et collégial.

La majorité claire au niveau des votes est un signe positif. Les nouveaux élus, complétés par la pasteur Line Dépraz, première femme pasteur au Conseil synodal, jouiront ainsi d’un large soutien. En effet, il y a cinq ans, les mêmes élections s’étaient jouées à trois et une voix, donnant Antoine Reymond et Henri Chabloz gagnants face au ticket (déjà) Paillard-Sordet.

Autre première, c’est une femme qui présidera le Conseil Synodal : Esther Gaillard, laïque nouvellement élue.

Joël Reymond

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