Et si nous profitions des vacances pour réfléchir à notre dynamique familiale? En tant que parents chrétiens, le développement spirituel de nos enfants nous intéresse et nous préoccupe. La découverte d’une vocation nous a permis, pour notre part, d’expérimenter et de faire grandir les dons et la vision divine dans le cœur des enfants et même des adultes.

Prendre soin de ses enfants comme le jardinier de son jardin
Les valeurs véhiculées dans la société nous font souvent craindre le pire pour nos enfants. Quels outils leur donner pour les fortifier face à l’influence parfois immorale, violente et destructrice de la culture ambiante? A leur naissance, nos enfants nous sont confiés comme un livre aux pages blanches. Ils nous sont confiés pour quelques années. Nous aspirons à ce que les chapitres de leur existence s’écrivent dans une relation avec Dieu, avec des valeurs qui nous sont chères et l’espérance qui nous habite.
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Nous voulons suivre le précepte de l’Ancien Testament: «Et ces paroles que je te donne aujourd’hui seront dans ton cœur. Tu les inculqueras à tes fils et tu en parleras quand tu seras dans ta maison, quand tu iras en voyage, quand tu te coucheras et quand tu te lèveras» (Deut. 6,6-7). Le vécu et l’annonce de l’Evangile à nos enfants constituent dès lors une priorité dans notre éducation.

Mais dans la pratique, comment le traduisons-nous? Suivant l’injonction du Deutéronome, nous pourrions passer des journées entières à partager et à communiquer le projet de Dieu pour ses enfants. Mais nous ne poussons pas à faire une révolution, à tout bouleverser en un jour. Il s’agit plutôt de faire grandir, pas après pas, le grain de moutarde que Dieu nous confie, celui de la foi familiale. Nous pensons à la semence précieuse dont le jardinier prend soin. Quand il plante et jardine, Dieu a déjà la vision de la plante, de l’arbre et du fruit.

Pédagogie de l’expérience
L’enfant apprend par imitation. Cette notion sous-tend le verset du Deutéronome cité plus haut. La foi pourra s’inscrire dans le cœur des enfants lorsqu’elle est mise en pratique et grâce aux expériences particulières que les parents partagent avec leurs enfants. Dans cette perspective, nous réalisons que les projets vécus en famille constituent une dynamique nouvelle et fondatrice pour la foi de toute la famille.
Cette année, pourquoi ne pas intégrer l’écoute de Dieu dans la planification des vacances d’été par exemple? En plus du repos et des temps relationnels riches, on peut accueillir comme un trésor, pour les vacances, la découverte d’un projet, d’un mandat particulier ou d’une pensée précise que Dieu communiquerait à l’ensemble de la famille.

Le temps investi en famille peut faire l’objet d’une véritable «planification stratégique». Cette dernière gagnera à s’ouvrir à une richesse insoupçonnée: le potentiel d’initiative et de responsabilité des enfants. Dans le partage spirituel et l’écoute de Dieu, chaque membre de l’équipe-famille peut amener sa pierre à l’édifice. La famille offre le milieu sécurisé adéquat pour l’émergence de cette aptitude enfantine.
Régulièrement, notre famille vit des activités telles qu’un tour en vélo autour du village avec différents «postes de prière d’intercession». Ces activités sont conduites par deux de nos enfants. Ainsi, ils apprennent à conduire un petit groupe dans un cadre sécurisé par les parents.

Expérimenter la solidarité
«Il y a plus de joie à donner qu’à recevoir» (Act. 21,35) peut devenir une pensée qui accompagne votre temps de vacances de cet été. Fort de cet encouragement du Christ, comment votre famille pourrait-elle devenir une bénédiction pour son entourage? En faisant du pain ou autre chose en famille pour le distribuer généreusement aux habitants du quartier; en s’impliquant ensemble en faveur d’un home pour personnes âgées; les idées ne manquent pas. Le simple fait d’en parler avec les enfants donnera à ces derniers de bonnes idées.

Comment pourriez-vous, avec vos enfants ou vos ados, mettre en œuvre une action nouvelle, poser un signe audacieux qui parle de l’amour de Jésus? Voilà certainement une prière qui réjouit le cœur de Dieu et qui donnera du contenu aux témoignages de vos enfants pour le temps de vacances ou, pourquoi pas, dès la rentrée.

L’an dernier, notre famille a par exemple mis à profit un temps de congé pour aller servir un orphelinat de 150 enfants à l’étranger. Plutôt que des vacances à la plage ou la montagne, toute la famille a mis ses dons au service d’enfants défavorisés dans le Tiers-Monde. Limités par l’obstacle de la langue, nous pensions que notre témoignage en actes et en famille serait notre message. Chacun a pu apporter sa pierre à cet édifice, dans les contacts avec les gens sur place et les services pratiques, le nettoyage et la vie de l’institution. Nos enfants ont «connecté» avec ceux de la crèche. Nos deux grandes filles sont revenues fortement sensibilisées aux conditions de vie dans le Tiers-Monde et par ricochet, à leur privilège d’être nées dans une famille chrétienne, au milieu du confort européen. L’aînée, treize ans, s’interroge même sur une possible vocation au travail parmi les pauvres. Une expérience exigeante, mais qui nous a fait progresser en famille.

Voyage d’intercession sur son lieu d’origine
Chaque famille porte un nom et a un lieu d’origine. En Suisse, elle figure sur le passeport.

Pourquoi ne pas prévoir des excursions sur un lieu d’origine, afin de prier ensemble pour la famille élargie et pour les habitants de la région? Nous serons sans doute surpris par Dieu. A son écoute, nous recevrons peut-être en pensée le nom d’une personne ou famille à encourager. Et nous serons, à n’en pas douter, enrichis par cette expérience et par les rendez-vous que Dieu pourrait ainsi placer sur notre chemin.
Autres idées pour les amoureux de la nature: construire un habitat simple en forêt pour y passer une nuit. Organiser un «Land Art» sur la base d’un verset biblique. Le Land Art consiste à utiliser les ressources naturelles, branches d’arbres ou autres fleurs, pour créer un objet.

De telles activités favorisent le temps de qualité passé en famille et permettent de mettre en valeur, aux yeux des uns et des autres, les dons particuliers de chaque membre de la famille.

Ce n’est pas à nous d’inventer la famille. Elle a été créée par Dieu. «Toute famille tire son nom du Père céleste», écrit l’apôtre Paul, car en grec, famille se dit pâtrie. Malgré nos fragilités et nos limites, nous pouvons en faire un lieu de bénédiction et de croissance spirituelle.

Christian & Fabienne Sollberger, Reconvilier