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Le ramadan de kabyles chrétiens

Un couple de kabyles croyant en Jésus, Khalid et Latifa, expliquent leur approche nuancée des traditions culturelles
Evangéliques.info

Comment vivez-vous au quotidien votre foi chrétienne?
Nous sommes Maghrébins et fiers des vertus de nos peuples: la chaleur de l’accueil, le goût de la fête, le sens de la famille, la pratique d’une solidarité active. Ces caractères-là, nous les cultivons. Ils font d’ailleurs partie d’un fonds commun à tous les hommes de bonne volonté.
Le christianisme n’est pas venu se plaquer sur nous comme un corps étranger. Nous aimons notre famille, la fête, la musique et la danse, le couscous et les loukoums. Nous participons aux joies et peines de ceux qui nous sont chers.

En somme, pas de grosses difficultés à vivre dans des relations amicales avec vos proches?
Beaucoup d’événements familiaux sont liés, même si c’est d’une façon superstitieuse, à l’islam. Nous disons non à la présence de l’imam. Prenons l’exemple d’une naissance. C’est l’occasion de se réjouir. Au septième jour, on égorge un mouton et l’imam récite à l’oreille du nouveau-né des versets du Coran, censés l’introduire dans la religion musulmane. Il y a pour nous incompatibilité entre ces rites et notre foi dans le Christ. C’est lui qui a donné son sang. C’est lui le parfait sacrifice.
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Il nous reste à expliquer à notre famille notre position. Il faut du temps. Il faut de la patience. Il faut aussi du respect et de l’amour.

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Y a-t-il d’autres o où la pression de l’islam se manifeste?
Bien sûr, il y a le ramadan. Nous avons parlé de respect et d’amour. Même si la Bible ne nous dit rien à ce sujet, nous estimons que la part culturelle prime ici sur la part religieuse. Nous appliquons donc un précepte de l’apôtre Paul. Nous ne nous sentons pas liés par ce jeûne, mais nous évitons de choquer nos familles et, en leur compagnie, nous nous alignons sur leur façon d’agir.
Nous avons des frères et sœurs en Christ qui s’abstiennent même ordinairement de manger du porc. Nous consentons volontiers à ces restrictions alimentaires, même comme témoignage. En effet, le fond de l’éthique chrétienne, c’est la transformation du cœur, c’est le pardon et la grâce. Pas la liberté de manger et de boire.
Dans d’autres situations, nous sommes contraints de nous différencier de nos familles. Un appel à la cotisation a été lancé dans toute la famille pour financer le pèlerinage d’un oncle à la Mecque. Nous avons refusé. Il a fallu expliquer encore et encore. Les traces ne se sont complètement effacées que lorsque nous avons aidé ce même oncle, en lui remettant un chèque lors d’une hospitalisation.
Il faudrait parler aussi mariages et enterrements… Ainsi va la vie de famille au Maghreb. Et vous, chrétiens «hexagonaux», face à la pression athée et matérialiste, comment vous en sortez-vous? Par le haut ou par le bas? En la vivant dans la lumière ou dans l’ombre?

Propos recueillis par Robert Héritier

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