La récolte de signatures pour et contre les propositions du Conseil synodal vaudois sur l’homosexualité bat son plein
La première lettre circulaire porte les signatures de celles et ceux qui, attristés par la tournure passionnée que prennent les débats sur la question de l’homosexualité, souhaitent appuyer les propositions du Conseil synodal, jugées raisonnables et en aucun cas excessives. «Nous avons été agréablement surpris par ces propositions», explique Juliane Dind, 30 ans, enseignante spécialisée à Lausanne, qui a accepté que son nom figure en tête de la lettre. «Nous voulons donner un signe au Conseil synodal, lui assurer que d’autres personnes pensent de la même façon et qu’il est temps de reconnaître que l’homosexualité doit être prise en compte, qu’elle n’est pas un choix délibéré mais une réalité de la vie. Nous invitons les membres du Synode à approuver les propositions qui seront soumises à leur vote». Rappelons que les propositions du Conseil synodal prévoient que l’EERV ne célèbre pas de bénédiction de mariage de couples homosexuels à proprement parler, mais qu’elle accepte, à l’instar de l’Eglise neuchâteloise, le principe d’une liturgie spécifique, bien distincte, pour les couples homosexuels liés par un partenariat enregistré. Dans une deuxième proposition concernant la consécration des diacres et pasteurs, le Conseil synodal appelle à la discrétion des ministres dans leur comportement et leur discours.
La lettre circule plutôt dans les rangs des jeunes qui se sentent en lien avec l’Eglise. «Les débats houleux à propos de la consécration de pasteur(e)s nous rappellent ceux qui avaient eu lieu au début des années 1970 sur la consécration des femmes. Avec le recul, nous constatons qu’à l’heure actuelle ces débats sont complètement dépassés et semblent même inimaginables pour la génération des moins de 35 ans», précise cette missive.
La seconde lettre circulaire, elle, invite les membres du Synode à «décider de ne pas décider», comme le résume le pasteur Pierre Bader à Corseaux.
La circulaire précise que «les textes bibliques ne peuvent servir à légitimer l’homosexualité comme un mode de vie béni et voulu par Dieu. Ces textes n’ouvrent pas non plus la perspective d’une bénédiction ou d’une forme de reconnaissance d’un couple homosexuel. Voulons-nous continuer à nous inscrire dans la tradition de la Réforme qui se réfère en premier lieu à l’Ecriture?», demandent les signataires. Ils estiment qu’en entrant en matière sur la question de l’homosexualité, l’Eglise le fait par conformisme à la société et non de manière critique et prophétique.
Les signataires estiment qu’une forme de reconnaissance des couples du même sexe apporte davantage de confusion, à l’heure où la famille a besoin de soutien. Enfin, ils rappellent à travers leur argumentaire, que faute d’unanimité, le processus menant à un consensus doit être suivi, pour permettre de conserver l’unité entre gens d’opinion différente, comme l’a fait par exemple le Synode de l’Eglise neuchâteloise sur la même problématique, qui a refusé d’entrer en matière sur les propositions du Conseil synodal mais a initié un processus de dialogue menant à une entente. Pour l’heure, il n’est pas possible de faire un décompte des signatures, la récolte battant son plein.