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Noël à l’école: haro sur la tradition

© © Alliance Presse
Plusieurs «affaires» ont eu lieu en Suisse, en Angleterre et même en Amérique du Nord autour de la légitimité d'afficher des symboles chrétiens de Noël. Parmi d'autres protestataires, le quotidien du Vatican a émis son inquiétude et parlé de «guerre contre Noël».
Evangéliques.info

Mettez ensemble des familles musulmanes plus ou moins militantes ou revendicatrices, quelques autorités scolaires et patrons d’entreprises accrochés à leurs obsessions soixante-huitardes, enfin des milieux chrétiens acculés et agacés et enfin (et surtout) des médias désireux et capables de faire passer une bruine matinale pour un tsunami et vous avez le cocktail explosif servi à la mi-décembre.

Réactions en chaîne
En Suisse, c’est à Neuchâtel qu’une polémique est née suite à un courrier de lectrice paru dans le premier quotidien du canton : une enseignante se plaignait des tracasseries liées à la préparation des fêtes de Noël. À l’origine, une famille d’élèves musulmane avait exprimé à ladite enseignante, en aparté, sa gêne vis-à-vis de la naissance de Jésus dans la tradition chrétienne. Thématisée par les journaux, cette anecdote en faisait ressortir d’autres analogues dans les cantons voisins: dans une série d’autres cas, le sécularisme inhérent au milieu enseignant avait prétexté du respect des communautés allogènes pour donner sa pleine mesure et bannir sapins, décorations et crèches. Le sujet était monté en épingle dans les médias; c’était rien moins que la place du religieux dans la vie publique qui était en jeu. L’«intransigeance musulmane» se heurtait en triangle avec la «sauvegarde de notre identité» et la «laïcité» de l’éducation.

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Dans la Suisse qui ne connaît pas de laïcité à la française et où l’islam est minoritaire et rarement intégriste, le débat de fond est lancé, quoique sa virulence puisse sembler surfaite ou déplacée au vu des faits. Une déclaration commune de musulmans respectueux de Noël est venue hier dimanche remettre l’Église au milieu du village. Parmi les auteurs de cette déclaration figurent le Forum pour un islam progressiste, l’Union des organisations islamiques à Zurich, l’Association des musulmans argoviens, l’Union des organisations islamiques du canton de Lucerne.
Dans le canton de Vaud, par ailleurs, les autorités publiques n’ont pas accordé les dispenses de Noël demandées par quelques familles musulmanes. Et les directeurs de l’instruction publique concernés ont fait montre de pragmatisme en rappelant le côté culturel de la fête de Noël.

Inquiétude au Royaume-Uni: 75% des employeurs bannissent les décos de Noël
La situation en Angleterre est plus avancée. La communauté musulmane y est plus nombreuse et ses secteurs intégristes beaucoup plus puissants. Quant aux journaux à scandales britanniques, leur réputation n’est plus à faire.

Dans le royaume de Sa très gracieuse Majesté, c’est au nom du respect des autres religions que des mesures anti-chrétiennes sont fréquemment prises. En octobre, British Airways mettait à pieds une employée qui avait refusé de cacher sa petite croix en pendentif au motif que cela violait le code vestimentaire de la compagnie. Dans le même temps, les foulards islamiques étaient tolérés. Dans la polémique qui s’en est suivi, L’Église anglicane a annoncé qu’elle allait réexaminer ses rapports avec la compagnie aérienne.
Dans la foulée, un sondage révélait que trois quarts des employeurs britanniques avaient interdit les décorations de Noël. Outre le multiculturalisme qui devient la nouvelle idéologie de l’Europe, l’aspect non-professionnel de bureaux décorés étaient invoqué comme raison principale par les 2300 compagnies sondées.
La presse populaire a complaisamment détaillé tous ces cas où des employeurs ou responsables d’établissements scolaires avaient fait les rabat-joie. Le ministre Jack Straw a publiquement condamné les réticences des employeurs, mues par la crainte de procès, comme étant «des sottises du politiquement correct». Une association de dialogue interreligieux a du reste mis en garde contre les dangers de polarisation: «la déchristianisation forcée de la société fait le jeu de l’extrême-droite et cela se retournera à terme contre les musulmans».

Amérique du Nord: le lobby chrétien veille
En Amérique du Nord, localement, des mesures ont été prises contre Noël dans des collèges, mairies et autres lieux publics pour les mêmes raisons. Une juge de Toronto a provoqué une levée de boucliers en faisant retirer un arbre de Noël du hall d’entrée d’un tribunal provincial canadien.

Aux États-Unis, Wal-Mart et Target, deux géants de la distribution, ont été critiqués pour avoir rayé le mot Noël de leurs publicités, lui préférant l’expression neutre «Joyeuses Fêtes». Wal-Mart, craignant les boycotts, a fait marche arrière cette année.
Les neuf arbres de Noël qui avaient été installés dans l’aéroport international de Seattle-Tacoma ont été enlevés l’espace d’un week-end, en raison de la plainte d’un rabbin qui demandait qu’une menorah géante soit également exposée durant la période des fêtes.
Aux cris de «Noël est assiégé», le lobby chrétien conservateur a dénoncé le programme politique des «secular progressists» (à lire: gauche progressiste). Mais le rapport de forces dans un pays où la majorité de la population déclare un lien fort avec la religion n’a rien à voir avec l’Europe.

Il y a actuellement en Occident un courant fort, qu’on peut qualifier de séculariste ou de laïcard, pour distinguer ce qui est culturel de ce qui est religieux (afin d’exclure le second de la place publique). Il rencontre, mais seulement en partie, les revendications de certains musulmans, les plus durs surtout.
Joël Reymond

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