Double nomination à la Cour Suprême des États-Unis
Il fallait tout d’abord remplacer le président sortant, le vétéran William Rehnquist, décédé cet été après 33 ans de service. George Bush avait toute liberté de proposer au Sénat un candidat de la même sensibilité politique que Rehnquist (conservatrice). Le 29 septembre, les sénateurs ont plébiscité John Roberts, un catholique de 50 ans au brillant palmarès juridique. Les évangéliques se sont félicités de cette nomination.
La seconde personne proposée par le président américain devait remplacer une modérée, Sandra Day O’Connor, dont le vote changeant avait à maintes reprises fait pencher la balance. De nombreux évangéliques américains, les provies en tête, s’attendaient à ce que George Bush propose une pointure, au profil très conservateur, afin d’obtenir une majorité clairement conservatrice à la Cour Suprême (à 5 contre 4). Les militants pour les droits reproductifs (prochoix) craignaient la même chose, et s’étaient préparés à manifester.
Déjouant ces pronostics, George Bush a proposé une ancienne conseillère personnelle, croyante évangélique tout comme lui, en la personne de Harriet Miers. Cette sexagénaire qui fut la première femme à présider le barreau du Texas n’a jamais exercé comme juge. Aux yeux des observateurs, sa carrière jusque là ne permet pas de prédire quelle sera son engagement sur le dossier de l’avortement.
Cette proposition, qui doit être examinée puis votée par le Sénat, a été accueillie avec réserve un peu partout. Au sein des rangs évangéliques, l’un de leurs plus célèbres lobbyistes, Jay Sekulow, s’est mouillé pour exprimer sa confiance en les convictions personnelles de Harriet Miers.
Une fois de plus, George W. Bush a choisi quelqu’un qu’il connaît personnellement et en qui il a confiance. Il est le président qui a nommé le plus de personnel issu de minorités au sein de son administration.