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Débat au Royaume-Uni autour de la récupération politique de symboles chrétiens 

© TTstudio – Depositphotos / Londres
Plusieurs responsables d’Eglises du Royaume-Uni ont récemment pris position contre la «récupération» de symboles chrétiens par l’extrême droite. D’autres s’inquiètent de ces déclarations et dénoncent aussi des récupérations à gauche.
Ombeline Peigné

36 responsables d’Eglises du Royaume-Uni ont publié le 21 septembre une déclaration commune contre l’appropriation de symboles chrétiens à des fins politiques. Ce texte a été signé après la manifestation anti-immigration du 13 septembre qui a rassemblé à Londres entre 110’000 et 150’000 participants selon Scotland Yard, et plus d’un million selon les organisateurs. Figurent parmi les signataires des évêques de l’Eglise d’Angleterre, le président de l’Alliance évangélique du Royaume-Uni, de hauts responsables des Eglises méthodiste, baptiste et pentecôtiste ou encore de l’Armée du Salut.

Dans leur lettre ouverte, ces différents dirigeants se disent «profondément préoccupés par l’appropriation de symboles chrétiens, en particulier la croix, lors de la manifestation à Londres». Ils estiment que ce rassemblement était porteur d’«éléments racistes, antimusulmans et d’extrême droite».

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«Reprendre le drapeau anglais et sa foi» 

Du côté d’Arun Arora, évêque de Kirkstall et co-responsable de la justice raciale au sein de l’Eglise d’Angleterre, il s’agit de «reprendre le drapeau anglais et sa foi des mains des activistes d’extrême droite», rapporte The Guardian. C’est ce que le responsable anglican a déclaré lors d’un sermon, quelques jours après la manifestation. Selon lui, les activistes de droite se servent de plus en plus des «valeurs chrétiennes» avec une volonté forte de préserver une «culture judéo-chrétienne» face à une «menace islamique». Toujours d’après Arun Arora, ces «activistes de droite» qui brandissent des drapeaux «Christ est Roi (…) profanent [l’étendard anglais et les croyances chrétiennes qui y sont rattachées] pour diviser la nation».

Une déclaration qui ne fait pas l’unanimité

Toutefois la déclaration des 36 responsables ne fait pas l’unanimité. Plusieurs pasteurs et responsables chrétiens ont en effet fait part de leur mécontentement. C’est le cas du pasteur David Robertson, très inquiet de cette prise de position. Pasteur de la Scots Kirk Presbyterian Church à Newcastle en Nouvelle-Galles, il alimente également un blog «The Wee Flea». Dans sa propre lettre ouverte publiée dans Christian Today et adressée aux 36 signataires, il confie être «profondément préoccupé que certains leaders évangéliques aient décidé de signer cette lettre ouverte condamnant l’utilisation des symboles chrétiens pendant la manifestation.»

Selon lui, il y a dans chaque événement de ce type des personnes aux idées plus radicales que d’autres sans que cela ne puisse empêcher de prendre part à une cause. Il ajoute que certains des cosignataires font exactement ce qu’ils reprochent aux manifestants. «Ils utilisent tous les attributs du christianisme – le langage, les vêtements, les rituels et la Bible – pour promouvoir leurs propres opinions politiques et socio-économiques. Ils ne croient pas en la Bible, mais ils sont prêts à l’utiliser.»  

«Notre espoir réside dans un véritable renouveau de l’Evangile chrétien.»

David Robertson poursuit en soulignant l’importance de s’appuyer sur le «Christ des Ecritures» et non pas sur un «Christ à l’image du libéralisme progressiste». Le pasteur accepte cependant «l’existence du danger lié au christianisme culturel, où le Christ et la Bible sont détournés par les partisans d’un agenda politique de droite», mais estime que les programmes «davantage de gauche» font la même chose. Il ajoute: «Notre seul espoir ne réside pas dans le nationalisme, le progressisme ou le conservatisme sous couvert de christianisme. Il réside dans un véritable renouveau de l’Evangile chrétien.»

Des deux côtés de l’Atlantique, les débats autour du nationalisme chrétien et de l’utilisation des symboles religieux récupérés à des fins politiques n’est décidément pas clos.

A lire dans Christianisme Aujourd’hui: Dans le piège du nationalisme chrétien

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