Donald Trump avait annoncé que les drapeaux resteraient en berne sur les bâtiments publics des Etats-Unis jusqu’au 14 septembre au soir. Une initiative prise suite à la mort du militant politique Charlie Kirk, chrétien évangélique abattu d’une balle dans le cou durant une prise de parole dans une université de l’Utah le 10 septembre. Les hommages n’ont cessé de pleuvoir pour ce jeune homme de 31 ans, marié et père de deux enfants, notamment de la part d’évangéliques. Ils se retrouvent dans la presse étatsunienne mais aussi internationale. Le mot qui revient: «martyr». Nationaliste, Charlie Kirk représentait une droite conservatrice rejetant la dissociation entre politique et christianisme.

Tout comme pour l’assassinat d’Ashur Saranya, tué le 11 septembre par arme blanche à Lyon, alors qu’il faisait un live sur Tik Tok pour parler de sa foi, le Conseil national des évangéliques de France s’alarme devant ce qu’il décrit comme le «symptôme d’une démocratie malade, d’une société qui ne sait plus se parler». La faîtière poursuit, sur X: «Quelles que soient nos convictions politiques ou religieuses, rien ne saurait justifier le recours à la violence. Tout homme devrait pouvoir défendre sa foi, ou exprimer une opinion politique sans être inquiété.»

Car, d’accord ou non avec ses idées régulièrement taxées d’«homophobes» et de «racistes», la majorité du monde évangélique déplore la mort d’un homme à la «foi profonde», pour reprendre les mots du vice-président J. D. Vance. A l’exception de quelques messages mitigés qui apparaissent ici et là: «Qu’est-ce que Charlie Kirk a fait de chrétien?», s’interroge par exemple un internaute croyant sur Reddit, tandis qu’un autre, répondant dans les commentaires sous un article de The Christian Post: «Je crois que Charlie était un activiste qui a d’abord utilisé la Bible pour promouvoir son programme. Je ne l’ai jamais vu lire seulement quelques extraits de ses écrits.»

«Charlie partageait toujours l’Evangile»

Cela ne reflète cependant pas ce qui se lit dans la presse chrétienne et les réseaux sociaux chrétiens en général, où l’on salue sa faculté à dialoguer de façon paisible. Entre autres Jack Hibbs, pasteur californien, a défendu lui aussi auprès de The Christian Post que «chaque fois que Charlie débattait avec quelqu’un, peu importe à quel point cette personne était méchante, désagréable ou abusive envers lui, Charlie partageait toujours l’Evangile de Jésus-Christ, la doctrine de la Croix et l’espoir de la vie éternelle pour quiconque se tournerait vers lui avec foi.»

Sur Sojourners, le pasteur Rob Schenck a signé au lendemain de la tragédie sa tribune «J’ai rejeté les idées politiques de Charlie Kirk. Voilà pourquoi je pleure sa mort.» Avant d’exprimer que «les opinions de Kirk sur autrui étaient régulièrement cruelles, méprisantes et exclusives», il dénonce d’abord un meurtre «éhonté» et fait part de sa compassion envers la jeune famille de Charlie Kirk. Car «pourtant, il avait le droit constitutionnel d’exprimer ses opinions», déclare-t-il, ajoutant: «Le Christ n’a pas permis à ses disciples de nuire à autrui, quelle qu’en soit la raison.»

Un «martyr» à l’international

Les hommages s’entendent jusqu’en Chine, où l’économiste chrétien Zhao Xiao écrit, sur le blog Réseau du Nouveau Siècle, que l’assassinat de Charlie Kirk révèle «une bataille spirituelle acharnée» et que le jeune influenceur «a introduit les valeurs bibliques dans le bastion de la laïcité» étatsunienne, reprenant lui aussi le mot «martyr».

Dans la sphère hispanique,  le pasteur Samuel Rodriguez, président de la Conférence nationale des dirigeants chrétiens hispaniques aux Etats-Unis, a présenté ses condoléances. «Nos pensées et nos prières accompagnent toute la famille Kirk alors que nous pleurons [sa] mort»,  exprime-t-il sur les réseaux sociaux. «Nous sommes profondément attristés par la nouvelle de cette horrible fusillade.» Interpellé le 11 septembre, Tyler Robinson, suspect principal de l’assassinat, ne revendique pas d’affiliation politique particulière. Il est âgé de 22 ans.