Israël reconnaît les Araméens
A l’âge de 2 ans, un petit garçon de Galilée, Yaakov Khalloul, est devenu la première personne officiellement enregistrée comme Araméen dans l’Israël moderne. C’était le 20 octobre dernier, un mois après la reconnaissance officielle des Araméens en tant que peuple. Leur nationalité a été admise par les autorités israéliennes, qui ont su distinguer leur origine, leur histoire, leur religion, leur culture et leur langue.
L’origine des Araméens remonterait au petit-fils de Noé, Aram. A l’époque où Israël s’établissait en tant que nation dans la Terre promise, la zone d’influence de cette population sémite s’étendait sur le nord de l’actuelle Syrie. D’ailleurs, dans la Bible, les Araméens sont souvent désignés comme «Syriens». Leur impact sur la région a été tel que l’araméen est devenu la langue de communication pour le commerce et la diplomatie dans tout le Proche-Orient pendant mille ans. On en retrouve des échos dans l’Ancien Testament (notamment dans les livres d’Esdras et de Daniel) et dans le Nouveau, même dans la bouche de Jésus, qui a prononcé ces paroles en araméen : Eli, eli, lemah sabachtani ? (Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ?). A la suite des disciples et des premiers Juifs convertis, les Araméens et ceux qui communiquaient dans leur langue ont été les principaux propagateurs de la foi au Moyen-Orient.
Après l’avènement de l’islam au 7e siècle, les Araméens se sont fondus dans les populations arabes et ont commencé à s’exprimer en arabe. Peu ont eu le courage de continuer à parler leur ancienne langue et encore moins affirmer leur identité culturelle préislamique. Ce n’est qu’après la renaissance d’Israël, en 1948, que les chrétiens araméens se sont intéressés à leur passé et ont eu l’audace de revendiquer l’héritage. Qu’Israël reconnaisse leur spécificité a encouragé les Araméens, comme s’ils assistaient à la renaissance d’un ancien peuple presque oublié. Comme l’a suggéré le père du petit Yaakov, une simple décision administrative a effacé 1400 ans de soumission et d’injustice.
Michel Béghin