A partir du jeudi 29 septembre, le pasteur Youcef Nadarkhani peut être mis à mort à tout moment dans sa cellule. Il a été reconnu coupable d’apostasie nationale: autrement dit, il n’est pas coupable d’avoir renié une foi musulmane qu’il n’a apparemment jamais eue, mais coupable d’avoir renié la foi de ses ancêtres. Juridiquement parlant, les juges pourraient se donner une semaine pour donner leur verdict final, mais d’autres redoutent que la décision arrive plus tôt. Surtout, il est possible que la sentence de mort soit appliquée sans avoir été annoncée officiellement. En effet, la Cour Suprême d’Iran avait décrété que Youcef Nadarkhani méritait la peine de mort s’il refusait à quatre reprises de (re)venir à l’islam. Ce qu’il vient de faire depuis le début de la semaine. Or la charia prévoit qu’un apostat n’a que trois jours pour se rétracter.

Cette épée de Damoclès sur le pasteur Nadarkhani a suscité, et suscite encore, de très nombreuses réactions dans le monde entier. Le Conseil américain pour la loi et la justice a pris ouvertement position pour Youcef Nadarkhani. Il a dit travailler activement pour mobiliser la communauté internationale, y compris des membres du Congrès et du Département d’Etat américain. Le Conseil américain pour la loi et la justice veut que le gouvernement iranien prenne des «décisions conformes à ses obligations internationales».

De plus, un membre du Congrès américain a qualifié cette décision de honteuse et lâche, s’indignant de ce que le président iranien Ahmadinejad défie à ce point les Droits de l’homme, seulement quelques jours après avoir revendiqué l’annihilation d’Israël devant les Nations Unies. De plus, une manifestation devrait avoir lieu ce jeudi 29 septembre de 10h30 à 13h30 devant l’ambassade de Bruxelles. A Rome, Toulon et dans d’autres villes, d’autres manifestations devraient avoir lieu. Sur le site blogdei.com, des internautes se sont mobilisés et ont donné plusieurs adresses et modèles de lettres pour écrire à des députés français ou européens, ainsi qu’à des représentants du gouvernement iranien.

Youcef Nadrkhani avait été déjà convoqué par un tribunal le 12 octobre 2009, pour avoir réagi à une décision de l’école publique d’enseigner l’islam à tous les enfants, y compris ceux issus de familles chrétiennes. Il a ensuite été déclaré coupable d’apostasie, en septembre 2010. En juin 2011, la Cour suprême l’a gracié, mais en renvoyant son cas à la cour de Rasht, la ville où habite le pasteur, et en demandant que ladite cour examine si l’accusé était ou non un musulman pratiquant avant sa conversion au christianisme. C’est cette cour qui vient de l’entendre quatre jours de suite et lui a demandé de renier sa foi.