Skip to content

Les femmes réformées prennent le pouvoir

Deux femmes viennent d'être élues à la tête de deux Églises réformées romandes. Pour la troisième fois de son histoire, l'Église protestante de Genève (EPG) a placé une femme à la tête de son exécutif. Si sa consoeur vaudoise passe le pas de son côté pour la première fois, elle innove également en nommant la première femme pasteur au conseil synodal.
Evangéliques.info

Deux femmes viennent d’être élues à la tête de deux Églises réformées romandes. Pour la troisième fois de son histoire, l’Église protestante de Genève (EPG) a placé une femme à la tête de son exécutif. Si sa consoeur vaudoise passe le pas de son côté pour la première fois, elle innove également en nommant la première femme pasteur au conseil synodal.

« Je comprends qu’on puisse encore s’en étonner, mais je me réjouis du jour où on ne s’en étonnera plus », répond Line Dépraz. Elle est la première femme pasteur à siéger au conseil synodal de l’Église réformée évangélique vaudoise (EERV).

Même son de cloche chez Charlotet Kuffer, psychologue, présidente laïque du conseil synodal genevois. « Il n’y a pas grand chose à dire sur le fait que je sois une femme », prévient-elle. « Cela n’a joué aucun rôle dans ma nomination. C’est mon chemin dans l’Église et les quatre années passées au conseil synodal qui ont été déterminants », explique-t-elle.

« En ce qui me concerne, je n’ai pas d’enjeux personnels dans cette histoire », précise Line Dépraz, en référence à l’agitation qui a secoué l’EERV à l’approche de ces élections. « Je suis venue avec mes compétences, et le projet d’Église est beaucoup plus important que ma personne », souligne-t-elle.

Des qualités féminines ?
Et attention à l’idée de vouloir trouver les éventuelles qualités typiquement féminines chez ces nominées. « Il y a du féminin et du masculin en chacun de nous, répond Charlotte Kuffer. Nous sommes tous individuellement des êtres divers et pluriels ».

En bonne psychologue, elle plaiderait pour un équilibre de l’individu plutôt que pour un équilibrage des sexes dans une équipe exécutive. « Il ne faut pas avoir de problème identitaire à la base, mais chercher le consensus. C’est dans ce sens bon que l’on soit plusieurs et différents dans une telle équipe : ministres et laïcs, hommes et femmes. »

Et pourtant, la présence de ces femmes n’est pas à minimiser. « Je ne dirai pas que le fait qu’il y ait des femmes dans les équipes collégiales ne modifie pas les choses », précise Charlotte Kuffer. « On ne gère pas l’autorité de la même manière, pense pour sa part Line Dépraz. L’image du pasteur vaudois, c’est un homme de 50 ans qui sait. Élire aujourd’hui une mère relativement jeune est le signe que cette image peut changer. »

Dans un fascicule de 2007 intitulé « Quand les Églises ont une femme à leur tête », la Fédération des Églises protestantes de Suisse (FEPS) formulait quelques observations. Les femmes se considèreraient notamment comme « plus communicatives et plus conciliantes », assumant ainsi des fonctions de médiation pour les autres.

« Je me reconnais assez bien là-dedans, mais plus en tant que personne que parce que je suis une femme », commente Line Dépraz. Par contre, ni elle ni Charlotte Kuffer ont le sentiment que les attentes sont plus fortes envers une femme qu’un homme, contrairement à ce que la publication de la FEPS suggère.

Héritières du féminisme et d’une ecclésiologie
Qu’elles paraissent surprenantes ou non, ces nominations s’inscrivent dans une histoire sociale et ecclésiale. « Je suis très reconnaissante envers les femmes qui ont secoué la société et apporté du changement», avoue Charlotte Kuffer, en référence aux luttes féministes. « Mais la présence des femmes dans le protestantisme est aujourd’hui un combat d’arrière-garde, nous en avons la preuve avec ces nominations ! », observe-t-elle.

« Au niveau protestant, c’est notre ecclésiologie plus que les luttes féministes qui légitime l’engagement des femmes, poursuit-elle. Il y a eu des femmes pasteurs en Suisse avant que les femmes de Genève aient le droit de vote. »

Mais alors que l’EERV compte aujourd’hui environ un tiers de femmes dans son effectif de pasteurs, pourquoi aucune n’a jamais été nommée au conseil synodal jusqu’aujourd’hui ? « J’ignore si certaines se sont présentées précédemment », reconnaît Line Dépraz, qui soulève également les questions de politique familiale.

Et si le morcellement entre l’engagement professionnel des femmes et les responsabilités familiales restent une réalité avec laquelle il faut composer, Charlotte Kuffer pense qu’il faut également changer l’image de l’engagement dans l’Église. « Ce qu’il faudrait affiner, c’est le regard réciproque que portent laïcs et ministres sur leurs tâches et leurs engagements respectifs », relève Charlotte Kuffer.

La nouvelle présidente entre officiellement en fonction à Genève ce mercredi 1er juillet, alors que le nouveau conseil synodal de vaudois sera effectif en septembre. Il sera présidé pour la première fois par une femme, une laïque, en la personne d’Esther Gaillard, que nous n’avons pas pu joindre à l’heure de rédiger ces lignes.

Thèmes liés:

Publicité