Une nouvelle trilogie pour enfants qui ne va pas manquer de faire parler d’elle

Le monde de Lyra, jeune orpheline rebelle de douze ans, est en train de changer. Un gouvernement totalitaire global, le Magisterium, resserre son emprise sur le peuple. Ses sombres activités l’ont poussé à faire enlever des enfants par les mystérieux Enfourneurs. Parmi les Gitans, qui ont perdu beaucoup des leurs, court une rumeur: les enfants sont emmenés dans une station expérimentale quelque part dans le Nord, et on pratique sur eux d’abominables expériences.
Lorsque Roger, le meilleur ami de Lyra, disparaît à son tour, la petite fille jure d’aller le chercher, jusqu’au bout du monde s’il le faut…
C’est reparti pour une trilogie
Voici le premier film d’une trilogie qui nous laisse très rapidement penser au Monde de Narnia ou au Seigneur des Anneaux. On n’est donc pas étonnés de retrouver Mark Ordesky, Michael Lynne et Robert Shaye, déjà présents au générique de la trilogie du Seigneur des Anneaux. Aussi surprenant que cela puisse paraître pour un projet de cette envergure, la réalisation a été confiée à Chris Weitz, réalisateur… du délirant American Pie en 1999.
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Immensément populaire en Grande-Bretagne mais encore peu connu sur le Continent, la trilogie À la croisée des mondes repose sur une œuvre littéraire contemporaine. Son auteur, Philip Pullman, s’est largement inspiré du classique gnostique de John Milton, Le Paradis perdu.
Plutôt pour les ados
À ce titre, il a suscité une polémique, notamment pour la critique sous-jacente de la religion qu’il contiendrait (voir encadré). Mais la personnalité de l’Autorité, qui dirige le Magisterium, n’a rien à voir avec le Dieu d’amour des chrétiens.
On a vraiment un film fantastique très bien réalisé et plaisant à voir. La Boussole d’or présente un univers éblouissant de splendeur, des personnages fascinants et des scènes très intéressantes.
Il est annoncé pour les enfants dès dix ans, pourtant il offre beaucoup d’éléments à la fois et le scénario est complexe pour des enfants de cet âge. Le public qui devrait apprécier le mieux ce premier opus est très certainement adolescent et adulte.
Juan Millan
Dès le 5 décembre en salles. Avec Dakota Blue Richards, Nicole Kidman, Daniel Craig
Vaincre le système, oui mais lequel?
La sortie de La Boussole d’Or a relancé la polémique dans les milieux chrétiens; en effet, derrière le gouvernement mondial totalitaire imaginé par l’auteur Philip Pullman, c’est la religion et son Autorité tutélaire qui sont visés dans un réquisitoire impitoyable. L’adaptation cinématographique a atténué toutefois cet aspect en brouillant les pistes: l’Autorité est juste un tyran détestable, imbu de lui-même, orgueilleux et sans clémence et aucune identification n’est clairement proposée ou distincte.
Des personnalités telles l’archevêque de Cantorbéry, chef mondial des Anglicans et compatriote de l’auteur, ont appelé au calme en expliquant que, selon lui, c’était bien le dogmatisme et l’usage de la religion en tant que moyen d’oppression qui étaient en cause et non le christianisme lui-même. Des groupes conservateurs, catholiques et évangéliques, ont au contraire averti que, même édulcorée pour préserver les sensibilités, la morale «ni Dieu ni maître» de l’œuvre originale était bien le fil rouge de l’histoire sous prétexte de rejetter la tyrannie et que les films suivants iraient encore plus dans cette direction.
Autre dimension qui fait toujours couler de l’encore parmi le public des familles chrétiennes, celle de la magie. Une sorcière «gentille» fait son apparition dans le film puis viendra avec toute une armada de sorcières à la rescousse d’une guerre entre les enfants, gitans et les soldats du Magisterium.
Dans le monde de Lyra, l’âme de chaque être humain est détachée de son corps. Lyra a ainsi un alter ego spirituel au nom programmatique de «daimon» qui peut prendre toutes les formes que le potentiel de l’enfant suscite et qui se fixera à l’âge adulte dans sa forme définitive. Le mot choisi, comme celui de Magisterium (un organe du Vatican), n’est pas innocent.
Les films fantastiques pour enfants seraient-ils devenus un lieu stratégique avec des enjeux spirituels? La Boussole d’Or semble en tout cas être un film de son temps.