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Le dialogue œcuménique se poursuivra

© Une rencontre œcuménique de l'association Paris Tout est Possible
Les réactions dans la monde à la prétention réaffirmée du Vatican a être la seule véritable Église ont été fortes. Mais, paradoxalement, la qualité du dilalogue œcuménique pourrait être renforcée
Evangéliques.info

L’Église romaine est la seule véritable. Les autres sont déficientes parce qu’elles ne se soumettent pas à l’autorité du pape et qu’elles ne célèbrent pas correctement la Sainte-Cène. Le document publié la mi-juillet par le Vatican et qui émane de sa Congrégation pour la Doctrine de la Foi a fait grand bruit. Les réactions ont été immédiates dans le reste (expression qui se veut neutre) de l’Église. Deux arguments revenaient sans cesse dans les réactions des «disqualifiés»: le démenti, le frein tout au moins, apposé à 30 ans d’œcuménisme et, chez les plus réactifs, le sectarisme de l’Église romaine.

Serrage de boulons
Les vaticanologues ont rappelé qu’il n’y avait rien de nouveau sous le soleil et que le document ne disait autre chose que l’encyclique Dominus Iesus de 2000. Techniquement, le Vatican a ressenti le besoin de recadrer les interprétations trop larges de la Constitution du Concile Vatican II sur l’Église. Le passage de ce dernier qui dit «l’unique Église du Christ subsiste dans l’Église catholique» laissait en effet une certaine marge de manœuvre pour dire, par exemple, qu’elle subsistait aussi ailleurs.
Ce serrage de boulons survenait quatre jours après la libéralisation de la messe en latin. Politique interne à l’Église romaine? «C’est une manœuvre de consolidation du catholicisme romain», estime le président de l’Alliance Évangélique Italienne Roberto Mazzeschi. «Mais que les chrétiens ne se troublent pas! Aucune instance humaine n’a le droit de définir ce qui est Église et ce qui ne l’est pas. Seul le Christ le peut».

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Communiqué de presse du 11e siècle
Des réactions ont émané de partout, signe que les Églises non-romaines se sont senties concernées aussi. Le Conseil Œcuménique des Églises (protestants et orthodoxes) a notamment rappelé: «Chaque Église est catholique et non pas seulement une partie d’elle. Chaque Église est catholique, mais elle n’en est pas la totalité», d’après sa propre déclaration formulée à Porto Alegre, en février 2006. Catholique signifie «universel».
Plus remonté, le principal éditorialiste pentecôtiste du monde anglo-saxon, Lee Grady, a opposé aux prétentions romaines la réalité du développement de l’Église, autrement dit, les faits: «Il est tellement triste que les leaders du Vatican soient si aveuglés à ce que Dieu a fait en dehors de leur petit microcosme. Le document de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi ressemble à un communiqué de presse du 11e siècle». Lee Grady, pour faire bonne mesure, rappelait les mouvements issus des rangs pentecôtistes qui étaient tombés dans l’élitisme spirituel en se prétendant les seuls, les vrais.

Un progrès quand même
Et quid de l’engagement du Vatican dans le dialogue œcuménique? Il n’est pas remis en question. Il sera simplement plus réaliste que celui des débuts, c’est-à-dire des années de l’après-Concile, comme l’expliquait la théologienne catholique Jutta Burgraaf à l’agence catholique Zénit. Jutta Burgraaf relevait que beaucoup de catholiques eux-mêmes avaient probablement été déçus, mais que ce revers ne devait pas oculter les pas de géants effectuées depuis Vatican II dans le domaine de l’œcuménisme.
Cette analyse était partagée chez les anglicans. Ainsi, le révérend David Philipps de l’Anglican Church Society, qui exprimait, caustique en bon british, «toute sa gratitude au Vatican pour avoir dit clairement ce qu’il pense de nous». Dans les colonnes de London Times, il ajoutait?: «Le dialogue [œcuménique] manque trop souvent de franchise.»
Le Vatican ne renonce pas, fallait-il s’y attendre?, à ce qu’il a toujours affirmé. On sait par ailleurs dans d’autres débats (célibat des prêtres, par exemple), qu’une brèche pourrait faire écrouler tout l’édifice. (JR)

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