On attendait un discours sur la laïcité de la part d’Emmanuel Macron, qui n’est pas (encore) venu. Son Premier ministre, Edouard Philippe, s’en est chargé, lors des voeux de la Fédération protestante de France le 24 janvier dernier. Il a clairement affirmé que les cultes sont « des interlocuteurs incontournables de la République », rappelant que les protestants, qu’il a qualifiés de « tutoyeurs de Dieu », « ne se sont jamais tu devant l’Etat ». Au contraire, « 500 ans après les thèses de Wittenberg, vous continuez à afficher vos convictions : soyez-en remerciés ».
Pour le Premier ministre, qui s’exprimait devant quelque 200 invités dans les locaux devenus trop petits de la FPF, « il est indispensable que l’Etat et les cultes entretiennent un dialogue suivi car les religions participent pleinement de la vie de la nation. »
Pour Edouard Philippe, « la laïcité n’impose pas d’éliminer les religions de la sphère publique » et elle « n’exclut pas ce que vous avez à dire sur l’état de notre société, bien au contraire ». Interpelé sur deux sujets – les migrants et la bioéthique – il a défendu la politique migratoire du gouvernement, tout en associant la Fédération de l’entraide protestante et l’Armée du Salut aux réunions de concertation. Quant à la bioéthique, il a simplement encouragé les protestants à prendre part aux Etats généraux lancés mi-janvier. « Face aux questions que pose le progrès scientifique à notre humanité, les religions ont vocation à faire entendre une voix forte, mais une voix sereine » a-t-il affirmé. « Vous y avez votre place ».
Pour conclure, il a avoué qu’il n’avait « pas la foi » mais qu’il avait été marqué par sa rencontre avec une personnalité protestante, le professeur d’histoire Patrick Cabanel, il y a de nombreuses années.