En cinq ans, le point de vue des chrétiens évangéliques blancs sur l’éthique des politiciens a diamétralement changé. Alors qu’en 2011, ils n’étaient que 30% à croire que «les élus peuvent se comporter de manière éthique même s’ils ont commis des transgressions dans leur vie personnelle», ils sont aujourd’hui 72% à l’affirmer.
Pour le missiologue et ancien directeur de Lifeway Research Ed Stetzer (photo), ce changement montre que quelque chose cloche dans l’Eglise. «Le peuple de Dieu, qui est appelé à tenir le plus haut standard moral et éthique, est maintenant le groupe majoritaire affirmant que ces éléments n’importe pas nécessairement. C’est un problème aux dimensions énormes».
A ses yeux, il ne s’agit pas seulement de la personnalité de Donald Trump ou de ses transgressions, présentes ou passées, mais de la personnalité et des transgressions des évangéliques eux-mêmes, qui changent leur fusil d’épaule en fonction du moment: «Mon espoir est que chaque chrétien qui a décidé de voter Trump s’est aussi, à un moment donné, prononcé contre ses commentaires sur les femmes, sur l’immigration ou sur d’autres questions, profanant ainsi tous ceux qui sont créés à l’image de Dieu.»
De son côté, Philipp Yancey a aussi exprimé son inquiétude. L’auteur à succès ne peut pas comprendre que tant de chrétiens conservateurs ou évangéliques voient un héros dans un homme qui est un tyran, qui a fait sa fortune grâce aux casinos, qui a eu plusieurs épouses et aventures. «Lorsqu’aux Etats-Unis ou en Europe, la majorité prétend être chrétienne tout en ressemblant au monde, alors les gens ne peuvent plus comprendre ce qu’est véritablement l’Evangile», a-t-il affirmé dans une interview donnée à Evangelical Focus.